Avec Harris Interactive, nous lançons un vaste sondage autour de la façon dont les femmes abordent et vivent la ménopause en France, et particulièrement en entreprise.
«On n’en parle jamais, on doit affronter nos problèmes seules, sans soutien de la hiérarchie. » Selon le sondage Harris Interactive réalisé pour Alan Assurance, 1ère assurance de santé digitale en France, elles sont moins d’une femme sur quatre comme Leslie, 51 ans, comptable, à oser parler librement dans leur cercle professionnel de la ménopause. Par pudeur ou convaincues que ce serait inutile.
Pourtant, 64% des Françaises actives de 40 ans à 62 ans sont ménopausées et parmi elles, « une sur deux est impactée par sa ménopause dans son travail » révèle l’étude. Une question de santé publique qui commence à peine à émerger et qu’ Alan souhaite aujourd’hui relancer, pour enfin « apporter un véritable soutien à ces femmes dans le monde du travail. »
Synthèse des principaux problèmes rencontrés par les femmes au travail et cahier de doléances recueilli par Harris Interactive.
Au travail, je me souviens en réunion dans une petite salle, sans fenêtres, je me suis mise à transpirer, je sentais la sueur dégouliner dans mon dos, sur mon visage, extrêmement gênée, j'avais l'impression que tout le monde me regardait.M., 60 ans, Secrétaire
Les bouffées de chaleur (62%), la fatigue (54%) et les troubles de l’humeur (40%) sont les symptômes les plus difficiles à gérer au travail. Il apparaît que la température du lieu de travail, le stress et l’environnement clos sont les trois facteurs qui génèrent le plus de gêne aux femmes ménopausées.
Des conséquences qui laissent penser à un peu plus de trois Français sur quatre et une femme ménopausée sur deux que la ménopause peut mettre ces femmes dans des situations professionnelles inconfortables et les empêcher de travailler correctement.
On vit le stress de ne pas pouvoir aller aux toilettes quand on veut, surtout quand on est en pleine réunion, ou dans des open space immenses et que l'intimité n'existe presque pas. On n'est pas chez soi... pas envie que les autres voient qu'on a des petits problèmes.Muriel, 59 ans, vacataire administrative
Pour limiter ces situations embarrassantes, 38% (contre 20% des femmes actives) réorganisent leur temps de travail et leur espace de travail (53% contre 18% des femmes actives) par rapport à leurs désagréments liés à la ménopause (contre 27% des femmes actives). Plus impactant, 21% (contre 11% des femmes actives) prennent des arrêts de travail à cause des troubles liés à leur ménopause et ce pendant plusieurs jours durant (27% contre 15% des femmes actives).
On subit du harcèlement moral et on nous dit que nous ne sommes pas seules sur le marché du travail.Marie, 45 ans, technicienne médicale en oncologie
Aucun changement n’est possible, on m’a dit « tais-toi et avance ».Sophie, 51 ans, travaille dans un laboratoire pharmaceutique
J'ai dû renoncer à vouloir évoluer professionnellement car la fatigue ralentit vos initiatives, votre volonté et surtout comme on se sent mal on a du mal à être ambitieuse et donc une évolution de carrière est mise entre parenthèses quelques temps.Nathalie, 51 ans, employée de bureau
Si les effets physiques et physiologiques de la ménopause mettent à mal le bien être des femmes (75% disent souffrir de troubles climatériques), il semble bien que cette transformation hormonale ait aussi un retentissement sur leur carrière. Ainsi 20% des femmes ménopausées se disent freinées dans leur ambition professionnelle à cause de la ménopause (contre 10% des femmes actives).
Il faudrait une reconnaissance du problème qui ne correspond ni à une maladie ni à une invalidité et pourtant ça handicap parfois vraiment. G. travaille à temps partiel
Une femme sur quatre seulement ose aborder le sujet sur son lieu de travail (deux fois moins qu’en privé avec ses proches). Les collègues féminines (68%) apparaissent comme les confidentes les plus faciles à choisir, avant les professionnels de santé (30%). « Managers, RH, représentants syndicaux ou du CSE n’étant pas du tout les interlocuteurs privilégiés » souligne Harris Interactive, elles ne sont plus que 4% à parler de problèmes liés à la ménopause à leurs supérieurs hiérarchiques. Une réserve qui s’explique peut-être par le manque de sensibilité sur le sujet du personnel encadrant.
En effet, il ressort de l’étude Harris Interactive pour Alan que pour « 1 français sur 2 et près de 2/3 des femmes ménopausées, les managers ne sont pas du tout informés sur le sujet et l’impact de celui-ci dans le cadre du travail.»
45% des femmes affirment que le sujet est tabou. Elles dénoncent des « railleries, une incompréhension des collègues plus jeunes, des hommes, des managers, un sujet qui n’est pas pris au sérieux ».
Face à ce « manque de soutien flagrant», les femmes « s’octroient des aménagements en catimini. » Elles sont pourtant demandeuses de supports au travail, considérant que « la médecine du travail devrait plus s’impliquer dans cette prise en charge afin de les soutenir au mieux dans leurs fonctions », conjointement avec les services de ressources humaines.
C’est compliqué, difficile, le milieu du travail ferme les yeux sur ce problème comme s'il n'existait pas.Véra, 55 ans, assistante administrative
Rien n'est fait dans l'entreprise dans laquelle je travaille, c'est un sujet tabou et pourtant la direction est féminine !Nathalie, 51 ans, employée de bureau
Ces besoins ne sont hélas pas pris en charge au sein des entreprises, mais au même titre que les menstruations qui peuvent être invalidantes pour certaines femmes.Isabelle, 53 ans, cadre dans la fonction publique territoriale
Une présence et une aide pour veiller à mes malaises seraient bienvenues mais on ne me l'accorde pas pour mes épisodes d'hypoglycémie, et je ne l'aurai pas pour quelque chose qui n'est pas reconnu comme maladie.Anne, 47 ans, enseignante
L’étude révèle une véritable attente « d’entretiens sur l’année avec la hiérarchie afin d’ajuster l’activité professionnelle si besoin mais aussi pouvoir discuter avec les RH comme on le ferait pour un autre problème de santé ou personnel ».
Que le médecin du travail informe sur les conséquences de la ménopause et sur les aides médicales pour accompagner les femmes lors de cette période délicate dans la vie des femmes.F.
J'aime bien l'idée d'une hotline qui serait en permanence disponible pour répondre à nos questions, nous proposer des solutions, nous donner des conseils et nous rassurer.Véra, 55 ans, assistante administrative
Comment agir sur les différents symptômes ? Quels sont les aliments à privilégier ? Les activités sportives ?Isabelle, 53 ans, cadre dans la fonction publique
Manquant d’informations sur cette période, les femmes se tournent vers les sites internet (61% contre 53% des femmes actives), les salles d’attente (23% contre 18% des femmes actives) et les réseaux sociaux (16% contre 12% des femmes actives) pour trouver des éléments de réponses à leurs interrogations et leurs malaises.
Mais 56% d’entre elles estiment que c’est le rôle des médecins du travail d’informer sur ce sujet. D’ailleurs, 37% des femmes ménopausées (versus 28% des femmes actives) aimeraient que soit prévu un rendez-vous spécifique annuel avec la médecine du travail.
Les entreprises pourraient aussi être vecteur et proposer des ateliers ou groupes de parole en envoyant un mail aux femmes qui pourraient être concernées ou leur demander si elles seraient intéressées par des actions en ce sens.Marie, 45 ans, technicienne médicale en oncologie
Les femmes ménopausées interrogées évoquent des newsletter, des emails, des documents distribués à tous dans l’entreprise qui aborderaient le sujet, voire « une assistance SOS Ménopause » en cas de problèmes ou demandes d’informations, des groupes de soutien/parole, journées dédiées ou autre évènement collectif.
Une femme sur cinq évoque la nécessité de réviser les lois pour créer « un statut ou un congé spécifique ». Une sur cinq mentionne aussi l’utilité de « sanctions aux entreprises qui n’embauchent pas ou ne font pas progresser les femmes à partir d’un certain âge. »
8% suggèrent le vote d’un règlement intérieur qui prévoirait des aménagements au travail. 56% des femmes ménopausées rapportent que la température sur leur lieu de travail est l’un des facteurs les plus pesants.
37% apprécieraient avoir accès à des salles de repos climatisées pour « pouvoir s’allonger quelques minutes », 36% se contenteraient d’un accès facilité aux fenêtres, radiateurs ou climatiseurs et 34% d’avoir à disposition du matériel spécifique. Des revendications fonctionnelles (matériel), structurelles (rendez-vous avec la médecine du travail) ou législatives, plutôt timides.
En effet, l’étude Harris Interactive pour Alan Assurance a mis en évidence que les « Français s’avèrent beaucoup plus ouverts sur ces aménagements que les femmes elles-mêmes. »
Ils sont deux fois plus nombreux à préconiser des groupes de paroles dans l’entreprise (11% contre 5%) ou à réclamer des sanctions aux entreprises qui discrimineraient les femmes à partir d’un certain âge (18% contre 7%).