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Entreprise et santé au futur

« On ne recrute pas des talents pour leur dire quoi faire, mais pour ce qu’ils ont envie de faire »

Quelle est la place du sens au travail dans une grande entreprise ? Nous avons rencontré Mathilde le Coz, Directrice des Ressources Humaines chez Mazars, pour en parler

« On ne recrute pas des talents pour leur dire quoi faire, mais pour ce qu’ils ont envie de faire »
Mis à jour le
5 janvier 2024
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5 janvier 2024
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Header Mathilde Le Coz Mazars

D’origine française, Mazars est un des leaders internationaux de l'audit, de la fiscalité et du conseil. Parmi ses références, on trouve des entreprises de renom, plusieurs agences nationales et de nombreux ministères. Quelle est la place du sens au travail dans une entreprise de cette envergure, avec de tels enjeux ? Nous avons rencontré Mathilde le Coz, Directrice des Ressources Humaines chez Mazars, pour en parler.

Alan : Est-ce que la quête de sens est un sujet que vous abordez avec les personnes que vous managez ?

Mathilde le Coz, DRH Mazars France et présidente du Lab RH : Absolument. C’est même plus profond que cela : la quête de sens anime tout ce que je fais aujourd’hui. La manière dont j’aborde mon quotidien de DRH est née de ma propre quête de sens. J’avais du mal à trouver ce sens dans la manière dont la fonction RH fonctionnait lors de mes débuts. C’est ce qui m’a poussée à essayer chaque jour de transformer la fonction RH au sein de Mazars.

Alan : Qu’est-ce qui a inspiré cette place centrale du sens au travail dans votre action RH ?

M. C. : Il n’y a pas eu d’événement précis, mais plutôt une étape importante dans ma carrière. En 2013, on m'a confié la création de la fonction “Innovation RH”. Je ne savais pas ce que cela pouvait dire, si ce n’est que je devais y mettre du sens. Et parallèlement, plusieurs enquêtes auprès de nos collaborateurs cette année-là ont fait ressortir le besoin pour chacun de laisser une empreinte au sein de leur propre environnement professionnel, d’avoir un impact, facteur de sens à leurs yeux. L’enquête résumait ainsi le sens: « Pour moi, la quête de sens, c’est savoir à quoi on contribue. Quand je me lève le matin, je sais à quoi contribue mon travail, il a du sens à mes yeux et je peux en être fier ».

C’est là que nous avons compris que les notions d’autonomie, de responsabilisation et d'intrapreneuriat étaient des leviers pour permettre à nos équipes de trouver du sens dans leur quotidien. Les enquêtes en interne nous le disaient : « Les salariés ont envie d’innover, mais ils ne s’y sentent pas encouragés par l’organisation, faute de cadre le permettant ». On a donc développé la culture d’innovation au maximum au sein de notre organisation.

La manière dont j’aborde mon quotidien de DRH est née de ma propre quête de sens.

Alan : Pourriez-vous nous en dire davantage sur cette notion d’innovation ?

M.C.: Chez nous, chacun peut être porteur de projet et à ce titre intrapreneur. Récemment, un collaborateur nous a confié : « J’aime Mazars, et j’aimerais contribuer à son développement en travaillant aux sujets de métavers et de web 3.0 ». En accord avec lui et son équipe, nous avons donc décidé de lui permettre de se focaliser sur ce projet, et de lui créer un poste dédié. Pour nous, ce type d’initiative contribue au sens que chacun peut trouver chez Mazars. Nous œuvrons à ce que chacun puisse trouver des réponses à ses aspirations dans son quotidien.

A. : Pouvez-vous développer le concept d’intrapreneuriat en quelques mots ? Quelles sont les possibilités chez Mazars ?

M.C. : L’intrapreneuriat fait partie de l’ADN de Mazars. Notre fondateur Robert Mazars disait: “On ne recrute pas des talents pour leur dire quoi faire, mais pour qu’ils nous disent ce qu’ils ont envie de faire”.Si nos talents veulent aller vers un projet dans lequel ils perçoivent de la valeur pour Mazars et que ça les fidélise, ça crée donc, au bout du chemin, de la valeur pour Mazars quelque soit le projet. Concrètement, nous avons mis en place BIM, la “Boîte à Idées Mazars”, une application mobile créée par des jeunes mazariens. Les idées y sont postées sans modération a priori et celles qui recueillent le plus de votes sont retenues pour une étude de faisabilité. J’ai confiance dans le collectif. Une fois sélectionnés, l’idée et ceux qui l’ont proposée intègrent des programmes d’incubation. Après, sur leur temps de travail, ils ont du temps alloué pour développer leur concept.

Notre fondateur Robert Mazars disait: “On ne recrute pas des talents pour leur dire quoi faire, mais pour qu’ils nous disent ce qu’ils ont envie de faire

A. : En off, vous évoquiez la notion de “vivre de ses compétences”. Vous voulez bien nous en parler ?

M.C. : C’est une notion très importante aujourd’hui pour le développement de son estime de soi. Chaque individu souhaite vivre de SON travail et de ses compétences, ce qui explique aussi le fort développement des freelances et des auto-entrepreneurs. On ne souhaite plus être exclusif à une organisation, le phénomène des slashers (avoir plusieurs jobs en même temps) est bien présent en France. Chez Mazars, nous soutenons le slashing (le cumul de différents emplois). Moi, par exemple, je suis salariée et auto-entrepreneuse. On l’autorise pour tous nos collaborateurs, du moment que ce n’est pas une activité concurrente. Dans nos contrats de travail, il y a maintenant une clause spécifiant la possibilité de faire un cumul d’emplois. Et on le voit : le fait de permettre l’exercice de plusieurs activités est synonyme de confiance et crée de l’engagement, et surtout du sens !

A. : Et sur votre poste, quelles pistes suivez-vous pour contribuer à cette quête de sens ?

M.C. : Je crois profondément qu’une partie de ma mission consiste à réenchanter le métier de RH, pour mieux œuvrer à améliorer le quotidien des équipes. Je vous donne un exemple. Historiquement, nous avions des assistants de recrutement dont le rôle était d’appeler les candidats et de gérer les agendas des recruteurs, en interne. Aujourd’hui, on s’est doté d’une solution qui est l’équivalent du Doctolib du recrutement, et toute la partie “planning” est automatisée. Nous avons ainsi pu repenser le rôle des assistants de recrutement, avec une dimension bien plus humaine et à plus forte valeur ajoutée, comme l’accueil et l’accompagnement des candidats. En nous dotant de nouveaux outils, nous avons donc transformé et valorisé leur rôle, et, in fine, ajouté du sens à leur quotidien. 

Des exemples comme celui-ci, il y en a de nombreux sur l’ensemble de la chaîne RH, notamment en administration du personnel, ou en développement des talents. Nous avons passé au crible toutes les tâches qui étaient chronophages pour automatiser au maximum ce qui pouvait l’être. On travaille aujourd’hui avec 23 startups sur l’ensemble de la chaîne RH pour apporter plus de valeur à nos clients (collaborateurs) tout en améliorant le quotidien de nos équipes RH. L’idée reste la même : réenchanter la profession RH en recentrant chacun sur des tâches à haute valeur ajoutée et humaine, le fameux H de RH.

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A. : Alan : Pour terminer, quel conseil donneriez-vous aux entreprises qui cherchent à mettre le sens au centre de leur démarche ?

M.C. : Chez Mazars, c’est surtout en laissant de la place aux initiatives des salariés. La quête de sens anime l’immense majorité des collaborateurs. D’une certaine manière, il suffit de leur donner l’occasion d’insuffler ce sens dans leurs tâches, en leur faisant confiance, en les valorisant plutôt que de chercher à l’imposer de manière descendante.

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Publié le 10/10/2022

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