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👩⚕️ Article rédigé par : Dr Laurence Lebedinsky-Pollet
Les nourrissons nés en avance poursuivent ex utero leur évolution neurologique, et donc celle de leur sommeil. Encore peu familiers des phases d’éveil calme, ce sont de gros dormeurs, particulièrement fragiles, dont les éventuels troubles du sommeil diffèrent d’avec ceux des bébés nés à terme. Mais ce n’est que partie remise ! En France, environ 60 000 bébés (8 %) naissent prématurément chaque année. Parmi eux, 5 % sont de très grands prématurés (entre 24 et 28 semaines). Le sommeil de l’enfant prématuré dépend de l’âge conceptionnel. Par exemple, un bébé né à 28 semaines (soit 6 mois de gestation) aura le même sommeil à trois mois qu’un bébé né à terme à la naissance.
Le sommeil est le reflet de la construction cérébrale et de la maturation des neurones. En la matière, chaque semaine compte. Un bébé né en avance dormira beaucoup plus en sommeil profond et calme et moins en sommeil agité ou paradoxal (celui du rêve).
Cette phase du sommeil apparait pourtant dès 27 semaines, le sommeil calme n’arrivant pas, lui, avant 30 semaines. En fait, jusqu’à ce terme, les fœtus dorment en permanence, mais plutôt en sommeil indifférencié. L’alternance des sommeils calmes et agités ne survenant qu’à partir de 7 mois pleins (32 semaines). Le bébé n’est capable de se livrer à une période de veille calme que vers 36 semaines (8 mois).
Même s’il est autonome pour respirer et pour se nourrir, un bébé né à 8 mois de gestation va beaucoup dormir, à l’instar de ce qu’il faisait dans sa vie in utero, qu’il poursuit à l’extérieur, en quelque sorte. Pas de troubles du sommeil ni de difficultés à l’endormissement à déplorer, a priori, pour ces bébés qui s’épuisent au moindre effort (une tétée représente du sport pour eux !). Ils seront très peu en éveil calme, ce qui est d’ailleurs susceptible de vous frustrer, si vous ressentez un manque d’échanges avec votre bébé. Patientez un peu, ça va venir, on vous le promet 😊
Ces bébés auront même parfois des difficultés à se réveiller pour manger. Ce qui sera le cas, a fortiori, des bébés nés entre 6 et 8 mois, et donc réellement prématurés. C’est pourquoi, avec ces nouveau-nés particulièrement petits et fragiles, il y a lieu de faire l’inverse de ce qui est habituellement préconisé pour ceux nés à terme. Il faut les réveiller toutes les trois heures pour les nourrir. Parce qu’ils ne perçoivent pas forcément la sensation de faim, mais aussi parce qu’il leur faut manger plus souvent. Un bébé de 2,2 kilos, par exemple, a un tout petit estomac, ce qui va le forcer à fractionner son alimentation en 8 à 10 repas par 24 heures pour s’assurer sa ration calorique journalière. Face à ces nourrissons dont la priorité est la prise de poids, il convient aussi d’éviter d’écourter les tétées afin de limiter la dépense énergétique occasionnée à leur organisme. Et d’oublier le bain, qui les oblige à puiser dans leurs réserves pour se réchauffer.
Il est par ailleurs conseillé, encore plus que pour leurs petits camarades nés à 9 mois, de les faire dormir, au moins les premières semaines, dans la chambre parentale, dans un couffin ou un petit lit. Tant pour les surveiller de plus près que pour éviter de s’épuiser avec les repas nocturnes particulièrement fréquents.
Les prématurés peuvent toutefois connaître quelques troubles du sommeil spécifiques. Leur rythme du sommeil jour-nuit va mettre d’autant plus de temps à s’installer qu’ils sont nés en avance. Un nouveau-né à terme ne commençant à faire cette différenciation qu’au bout de 6 à 8 semaines, un autre né, par exemple, à 7 mois de grossesse n’en sera capable qu’entre deux mois et demi et trois mois après sa naissance. Par ailleurs, s’il a reçu des soins en néonatologie à l’hôpital, le prématuré peut avoir acquis un rythme de veille et de sommeil calqué sur des nuisances sonores telles que les alarmes des scopes et de la lumière. S’il a des difficultés à s’endormir, une musique de fond et une veilleuse pourront le rassurer.
Votre bébé prématuré arrivera tôt ou tard au même stade que ces copains : quand il aura repris du poil de la bête, les troubles du sommeil « classiques » pourront apparaître. Ils seront seulement décalés dans le temps. D’ici quelques semaines et quelques kilos supplémentaires, votre tout-petit pourra commencer à émettre des "stops" au moment du coucher et multipliera peut-être les réveils nocturnes spontanés.
Une « galère » temporaire, largement tempérée par l’émerveillement de le découvrir enfin en éveil calme et d’établir de réelles interactions avec lui. ❤️