Vivre plus longtemps en bonne santé n'est plus une utopie. C'est le message que nous livre le Dr Christophe de Jaeger dans ce nouvel épisode de Healthier Humanity. Pionnier français de la médecine de la longévité et fondateur de l'Institut Prévention Santé Longévité, il nous partage 40 ans d'expertise dans un domaine en pleine révolution. Écoutez l'épisode ici 👇
Bien avant que la longévité ne devienne un sujet tendance, le Dr de Jaeger développait déjà une approche unique d'évaluation de l'âge physiologique. Président de la Société française de médecine et physiologie de la longévité, il a consacré sa carrière à comprendre pourquoi certaines personnes de 70 ans paraissent plus jeunes que d'autres de 50 ans - et surtout, comment agir sur ce phénomène.
Dans cette conversation riche en enseignements, le Dr de Jaeger démystifie la médecine de la longévité et nous explique :
Dans un domaine où le marketing prend souvent le pas sur la science, le Dr de Jaeger nous offre une vision rigoureuse et pragmatique. Pas de promesses d'immortalité ni de solutions miracles, mais une approche scientifique fondée sur des décennies d'expérience clinique.
Que vous soyez novice ou passionné de santé préventive, cet épisode vous donnera les clés pour comprendre et agir sur votre vieillissement, avec une conclusion imparable : la santé est notre bien le plus précieux, et il n'est jamais trop tôt pour s'en préoccuper.
Jean-Charles : Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode de Healthier Humanity, le podcast qui va nous aider à vivre mieux, plus longtemps, en meilleure santé. Pour ça, je suis votre hôte Jean-Charles Samuelian et j'interview des experts de classe mondiale sur la santé, la prévention, la longévité ou la performance sportive.
Aujourd'hui, j'ai l'immense chance d'accueillir le Dr Christophe de Jaeger depuis bientôt 40 ans. Et bien avant que la longévité soit au goût du jour, c'est important de le dire, il a occupé des postes clés sur la recherche sur le vieillissement. Fondateur de l'Institut Prévention Santé Longévité, et président de la Société française de médecine et physiologie de la longévité, il a notamment développé une approche unique de l'évaluation de l'âge physiologique.
Son dernier ouvrage que je vous conseille de lire, "La médecine de la longévité, une révolution" témoigne de sa vision. Il nous permet de vivre non seulement plus longtemps et surtout en meilleure santé, avec des actions claires et beaucoup d'informations que nous allons essayer de courir aujourd'hui dans ce podcast. Docteur Desgegeurs, merci beaucoup d'être là avec nous aujourd'hui.
Dr. de Jaeger : Merci à vous de m'avoir invité.
Jean-Charles : Pour commencer, est-ce que vous pouvez nous définir ce qu'est la médecine de la longévité et quels sont ses grands principes ?
Dr. de Jaeger : Alors, j'allais dire que c'est une nouvelle spécialité médicale. Mais en commençant par là, j'ai déjà envie un petit peu de rétropédaler parce que la médecine, depuis toujours, a été consacrée à la maladie. Et là, ne parlons pas de maladie, nous parlons de santé. Et cette santé est quelque chose de très particulier parce que jusqu'à présent, et je ne dis de mal de personne, mais les médecins se sont toujours concentrés sur la pathologie, le diagnostic et le traitement.
Et mes collègues ont fait des progrès énormes qu'il faut saluer. Tous les jours, il faut encore souhaiter qu'il y ait de nouveaux progrès. Mais la santé, la vraie santé, elle est restée toujours aux mains un petit peu des médias, de certains gourous. Elle n'était pas médicalisée parce que finalement, la santé, c'est quoi ? C'est normal.
Et quand on tombe malade, ça devient sérieux et il faut des gens sérieux pour s'en occuper. Donc du coup, tout cet énorme environnement qui est pourtant fondamental n'a été que très peu médicalisé, sauf du genre, fumez pas, buvez pas, faites un peu de sport et mangez mieux. Donc, ce sont des éléments importants. On en reparlera peut-être, mais ça passe à côté d'une autre réalité qui est celle de la sénescence.
Et la sénescence, c'est quelque chose qui nous ronge très tôt dans notre vie. À partir de la fin de l'adolescence, on rentre dans la sénescence et cette sénescence est une fragilisation insidieuse, progressive de tous nos systèmes. Et cette fragilisation va mener aux pathologies. Et à ce moment-là, le corps médical entre en jeu de façon fondamentale.
Mais, et alors du coup, pour rebondir sur votre question, la médecine de la longévité, c'est quoi ? Eh bien, c'est cette médecine d'avant la pathologie. C'est cette médecine qui est là pour justement nous permettre de rester en bonne santé, d'optimiser cette sénescence ou ce vieillissement. Et ça, c'est quelque chose qui, pour moi, en tant qu'être humain, et qui, pour les gens que nous suivons, est essentiel.
Et au fond, sincèrement, c'est quelque chose que tout le monde peut comprendre. Parce que je crois que tout le monde a une voiture, enfin de moins en moins à Paris, les gens ont de moins en moins de voitures, puisque moi j'ai mis quasiment une heure à venir ici. Bon, bref, mais tout le monde sait que quand on a une voiture, quand on investit dans cette voiture, on a envie de la garder le plus longtemps possible fonctionnelle.
Alors qu'est-ce qu'on fait ? On fait de la maintenance. Évidemment, on va la conduire correctement, on va mettre la bonne essence dedans, mais on va faire de la maintenance. Et la maintenance, elle nous est rappelée à 25 000, 15 000, 30 000, 50 000. Et c'est à ce prix que l'on va pouvoir conserver le plus longtemps possible notre voiture, notre organisme en bonne santé et nous en terme de médecine de la longévité et bien c'est notre rôle.
On va faire cette maintenance, on va donner les bons conseils. Et les bons conseils, ils sont en fonction de ce que vous êtes. C'est-à-dire que si par exemple, nous deux à midi, on mange le même plat, notre organisme n'en fera pas la même chose. Donc regardez dans le plat, regardez s'il y a des couleurs. J'aime bien les nutritionnistes, ils disent toujours qu'il faut que ça soit plein de couleurs. C'est sympa, c'est esthétique, mais ça ne permet pas de répondre à la vraie problématique à laquelle on peut répondre aujourd'hui scientifiquement.
On peut mesurer les choses et on peut savoir ce qui vous fera du bien ou ce qui me fera du bien et c'est ça où ça devient passionnant parce qu'aujourd'hui nous avons les moyens et c'est pour ça c'est ce que je dis dans le livre on vit une époque extraordinaire parce qu'on a des connaissances on a des moyens techniques d'exploration et c'est comme ça qu'on va pouvoir aider les gens à rester dans la meilleure santé le plus longtemps possible.
Moi, je ne parle pas d'immortalité ou de trucs comme ça, ça c'est très marketing, ça plaît à certains, ça en fait rigoler d'autres. Non, on peut faire un boulot propre, utile, sympa. Tout à l'heure, avant de venir, je voyais des patients qui ont maintenant 70 ans, où j'avais pris en charge quand ils en avaient 50. Et je leur demandais comment ils allaient et ils me disaient, écoutez docteur, en un mot, il n'y a pas eu de changement. On fait les mêmes choses que nous faisions à 50 ans, on les fait aujourd'hui. Il n'y a pas de changement.
Et là, je trouve que ça, c'est important et ça, c'est un vrai résultat que nous, ensuite, on peut parfaitement valider scientifiquement. Parce que tous les ans, on fait des mesures et on voit comment les choses s'améliorent, parfois se stabilisent, parfois se dégradent, mais à chaque fois que quelque chose bouge, ça nous donne le moyen d'intervenir spécifiquement. Mais je vais vous laisser peut-être me guider par vos questions.
Jean-Charles : C'est hyper intéressant. Non, mais j'étais content de vous... Il y a plein de choses sur lesquelles je veux déjà rebondir. La première, c'est ce terme sénescence. Comment vous le définiriez pour le grand public et pourquoi est-il important ?
Dr. de Jaeger : Alors, le terme de sénescence est très important. Pourquoi ? Parce que c'est le descriptif du phénomène sur lequel nous agissons. Alors, avant tout, reprenons le terme plus générique de vieillissement. Le vieillissement, c'est simplement un marqueur du temps qui passe. Il n'est pas forcément un marqueur de notre état, notre état physiologique fonctionnel.
Et le vieillissement, il commence dès la conception de l'individu, donc la fusion des gamètes, ovules, spermatozoïdes, et jusqu'à la fin de l'adolescence, le vieillissement est positif. Nous, on appelle ça du développement. Donc vous voyez, le vieillissement n'est pas que négatif, il peut être positif.
Mais à la fin de l'adolescence, on rentre dans une deuxième phase qu'on appelle la sénescence. Et c'est là où on parle de dégradation progressive et insidieuse. Et c'est cette dégradation qui caractérise la sénescence. Donc, et aujourd'hui, l'élément fondamental, c'est qu'on peut la moduler, cette sénescence. Je ne parle pas de rajeunissement, je parle de modulation de cette sénescence.
Sénescence qui va conduire aux maladies, maladies qui vont accentuer la sénescence, et on rentre dans un cercle vicieux qui nous conduit là où on ne veut pas du tout aller. Donc, aujourd'hui, la médecine, encore une fois, ne tient pas compte de cette sénescence. Moi, j'ai deux enfants qui sont en médecine et c'est très intéressant parce qu'ils étudient les différentes pathologies et à chaque fois, ils reviennent vers moi.
Et quelles que soient les grandes pathologies, c'est toujours pareil dans les facteurs de risque. Le premier facteur de risque, c'est l'âge. La sénescence en fait.
Jean-Charles : C'est en fait la sénescence.
Dr. de Jaeger : Et ensuite, en fonction de la pathologie étudiée, ça sera le tabac, ça sera la sédentarité, ça sera l'hypertension, ça sera toutes sortes de choses. Mais le premier est toujours la sénescence. Et moi j'ai toujours, et leurs profs, qui sont des gens absolument remarquables, leur disent toujours, bon, on ne peut rien faire sur l'âge, passons au point 2.
Et parfois certains d'ailleurs ne mentionnent même pas l'âge. Parce que ça fait partie de cette vie, c'est une espèce de fatalité contre laquelle on ne joue pas, on ne lutte pas. Et donc, moi, je leur dis toujours, il faut que tu lèves le doigt et que tu leur dises que maintenant, on peut travailler sur la sénescence.
Mais en termes purement médical, c'est quasiment un blasphème de dire que l'on va pouvoir travailler sur cette partie. Et les médecins ne sont pas du tout formés à ça. Moi, j'y étais sensible très, très tôt parce que... Et ce qui a motivé, si vous voulez, ma formation médicale, c'était non pas bien sûr lutter contre la tuberculose ou le cancer ou l'hypertension.
Bien sûr, je voulais améliorer les gens, mais surtout, je me posais la question. Pourquoi il y a des gens de 50 ans qui sont déjà vieux et des gens de 70 ans qui sont encore jeunes ? Je me disais 20 ans, 20 ans. Qu'est ce que ça vaut ces 20 ans ? Qu'est ce que je suis prêt à faire pour gagner ces 20 ans ?
Et ça m'a fait plonger dans mes études, regarder, passer tout au long de ces études en essayant de comprendre le pourquoi du comment. Et je suis passé en gériatrie, où j'ai dirigé un service, etc., à une époque où la gériatrie n'était pas encore une spécialité. Et très vite, je suis passé sur la fac des sciences et j'ai étudié la physiologie, j'ai fait de la biologie cellulaire, j'ai cultivé des cellules, j'ai voyagé beaucoup, beaucoup dans le monde, rencontré énormément de gens.
Et on est arrivé sur cette notion de sénescence. Oui, ce qui est mieux, diagnostiquer une maladie, c'est bien. La traiter, c'est indispensable. Mais éviter d'être malade, c'est encore mieux. C'est encore mieux. Et donc, j'ai cherché à mettre en place tout un plateau technique qui est là pour évaluer cette sénescence.
Parce que vous pouvez avoir 30 ans d'âge chronologique, et puis, comment sont vos artères, comment est votre cœur, comment est votre peau, comment est votre cerveau ? Tout ça s'évalue parfaitement. On peut être en dehors de la maladie, mais on peut mesurer la dégradation fonctionnelle de nos différents systèmes. Et ça, ça nous mène à la notion d'âge physiologique dont je suis persuadé qu'elle vous intéresse.
Jean-Charles : Exactement. C'était ma prochaine question, en effet. Elle était à deux niveaux. C'est comment et pourquoi il est important de différencier la durée de vie en bonne santé avec juste la durée de vie. Et ensuite, quelle est cette notion d'âge physiologique et comment est-ce que vous le mesurez ? Vous parliez des outils de mesure tout à l'heure. Comment est-ce que vous le mesurez ? Quelle est la recherche scientifique qui est derrière ? Qu'est-ce que c'est ? Comment on le mesure ? Et à quel point c'est fiable ?
Dr. de Jaeger : Alors, quand on veut s'intéresser et qu'on veut prendre en charge la sénescence d'un individu, il nous faut, comme dans toute spécialité médicale, il nous faut des outils, des outils de mesure. Je vois régulièrement des collègues qui se qualifient d'anti-âge, ou maintenant de plus en plus, on voit le terme de longévité apparaître dans les cliniques.
Vous aviez avant des cliniques d'esthétique, et maintenant c'est esthétique et longévité. Bon, et j'en connais quelques-unes parce que j'ai des copains qui y travaillent, et donc quand je pousse la porte, je dis quel est le changement ? Il n'y a aucun changement. On n'est que dans le marketing et l'apparence. Donc, qui dit longévité ne veut pas du tout dire longévité réelle. On est dans un autre monde.
Et la longévité, justement, elle se caractérise par des moyens d'évaluation, par des stratégies thérapeutiques, parce qu'on doit agir là-dessus, et on doit être capable de dire que l'on est efficace. Et tant qu'on n'a pas ces moyens-là, eh bien, on n'est plus du tout dans le scientifique, on est dans l'affirmatif, on est presque dans le politique, si vous voulez, mais on n'est pas dans la science. Or, la médecine de la longévité, c'est de la science.
Alors, il est important donc d'évaluer notre état fonctionnel. Et cet état fonctionnel, il peut être divergent de notre âge chronologique. En fait, on a trois âges. L'âge chronologique, ça vous permet de voter à 18 ans, ça vous permet de passer votre permis de conduire, ça vous permet de solliciter une retraite, donc ça sert à ça principalement. Mais comme je le disais au départ, ce n'est pas réellement le reflet de ce que vous êtes.
Et donc pour ça, on a l'âge physiologique. Et l'âge physiologique, ça va nous permettre d'étudier par exemple la rigidité des artères. Mais permettez-moi de revenir un petit peu en arrière. L'artère, c'est important. Pourquoi ? Parce que ça mène aux maladies cardiovasculaires, première cause de mortalité dans nos pays industriels.
Comment vieillit une artère ? Elle vieillit en se rigidifiant, c'est-à-dire que quand vous avez 18-20 ans, vous avez des artères souples. Et puis ensuite, tout en fonction de votre vie, en fonction, pardon, au long de votre vie, en fonction de vos gènes, de votre mode de vie, de votre environnement, l'artère va se rigidifier. Et quand elle va dépasser un certain degré de rigidification, votre artère va commencer à s'obstruer. Et là, on entre dans le domaine du médical classique.
Donc nous, on peut, si vous avez 30 ans, 40 ans, on peut mesurer votre rigidité artérielle et voir si elle correspond à votre âge. Et souvent, ce qu'on constate, c'est qu'à 50 ans, par exemple, la rigidité des artères est souvent de 10 à 15 ans supérieure à votre âge chronologique. Donc ça veut dire que, de par votre environnement, de par votre mode de vie, de par ce que vous êtes, eh bien votre artère a vieilli plus, elle est plus sénescente que ne le voudrait votre âge chronologique.
Mais si à 50 ans vous avez une artère d'un homme de 65 ans, ça veut dire que vous portez le risque de quelqu'un de 65 ans et pas de 50. Et là, il y a un décalage qui s'opère dans l'esprit des gens parce qu'ils se disent je ne comprends pas, j'ai 50 ans, je suis en pleine forme et on me dit que mes artères ont 65 ans, ça ne va pas.
Donc tout de suite, tout de suite, ce que vous voyez, c'est que nous avons affaire à des gens qui sont particulièrement, comment dire, impliqués dans leur santé, qui sont capables de recevoir ce genre de messages et de comprendre ce genre de messages. Parce que c'est pas agréable. D'accord ? C'est pas agréable.
Donc, être capable de se dire, ok, je pensais être super bien, mais objectivement, je ne suis pas super bien, donc maintenant, je vais commencer à me prendre en charge. Donc, le premier message, c'est ça, c'est la vraie réalité des choses. Et le second message, c'est que, bien sûr, on peut intervenir. Et lorsque l'on va intervenir sur l'ensemble des facteurs qui vont agir sur cette rigidité artérielle, on se rend compte qu'un an plus tard, la personne aura 51 ans, mais ses artères seront passées de 65 ans, par exemple, à 60.
Là, si vous voulez, excusez-moi, là c'est important, pourquoi ? Parce que la personne se rend compte que les efforts qu'elle aura faits paye. Et elle se rend compte que l'on peut agir sur ce phénomène qu'est la sénescence. Donc, et plus vos artères à ce moment-là, entre guillemets, s'améliorent, plus elles deviennent plus souples, plus vous vous éloignez des pathologies.
Et donc, on est là dans quelque chose qui est vraiment très, très important. Et ça, on peut le faire sur votre masse musculaire, sur votre peau. On a énormément... Nous, lorsqu'on prend des gens en bilan, on peut aller de 4 heures à 8 heures de bilan. Donc, vous voyez, on rentre dans le physiologique. Je ne parle pas du côté biologique. Je parle juste du côté évaluation des fonctions physiologiques.
Donc, c'est très carré, c'est très scientifique. On a des chiffres et ces chiffres, notre objectif, c'est de les améliorer. Et chacun est différent. Donc, il n'y a pas de recette miracle. Il n'y a pas le fait. Peut-être, je ne sais pas, d'absorber un bol de lait de génisse pris à la pleine lune. Non, ça ne marchera pas, ça. Malheureusement. Peut-être malheureusement. Mais encore une fois, on peut agir.
Et donc, âge chronologique, administratif, âge physiologique, âge réel. Mesurable. Mesurable et parfaitement mesurable, et mesurables à travers des techniques qui sont des techniques médicales. Ce ne sont pas des trucs, des vague-trucs qui viennent d'une autre planète. Ce sont des machines qui sont certifiées, validées, de gros constructeurs, General Electric, Simons, etc. Et donc, que nous, nous utilisons, non pas pour faire un diagnostic de pathologie, mais pour évaluer un état fonctionnel.
Et troisièmement, il y a la pire des choses, c'est l'âge ressenti. Alors pourquoi je dis que c'est la pire des choses ? Parce qu'en fait, cet âge ressenti nous éloigne de notre réalité, nous fait croire qu'on est en super bonne forme, alors que ce n'est pas le cas.
Jean-Charles : La question, c'est est-ce qu'on se compare à la moyenne ou au top percentile ?
Dr. de Jaeger : Eh bien, on se compare à la moyenne et souvent, on se compare à son entourage et son entourage, ça peut être en dessous du percentile en dessous, donc on apparaît comme étant un seigneur de guerre alors que ce n'est pas vraiment le cas. Alors ça peut être le cas, mais dans la plupart des cas, ce n'est pas le cas.
Il y a une étude américaine qui a été publiée dans Frontiers of Psychology, qui a montré que l'âge ressenti est en moyenne de 10 à 15 ans inférieur à l'âge chronologique, même pas physiologique, chronologique. Entre 50 et 65 ans. Donc au moment où on a en fait le plus besoin de se prendre en charge, où on a le plus besoin de se regarder avec attention, c'est le moment où on se sent merveilleusement bien.
Alors ensuite, il y a une autre réalité, mais que tout le monde pourra reconnaître, ce n'est pas méchant. C'est par exemple, si je prends l'exemple du sport et du tennis. À 20 ans, vous comme moi, on courait sur toutes les balles, même les balles dont on savait qu'elles étaient perdues. Mais on était là presque à vouloir forcer sa chance et à y arriver. C'est ce qui faisait un beau coup, quoi. La balle perdue qu'on arrive à retourner à manière impossible.
Voilà. À 50, on ne fait plus ce genre de conneries. À 50, on sait qu'elle est perdue, on se recentre et on se prépare sur la suivante. Donc en fait, à 20 ans, on sort de notre match complètement sur les rotules, excusez-moi d'expression, et à 50, on est bien. Donc on se dit, je suis en bien meilleure forme qu'à 20 ans. Vous voyez, regardez, je suis en pleine forme après le match. Non, on gère, on gère sa baisse de capacité.
Et ça, c'est très trompeur. Et là encore, il faut savoir sortir de la simplicité. Un être humain, c'est complexe et très souvent, les gens sont dans la simplicité de leur intervention. Ils pensent que c'est plus simple de se dire qu'on va bien. On n'est pas malade. Et ça, c'est terrible.
Jean-Charles : J'ai beaucoup de questions. Je vais essayer de les prendre dans l’ordre. La première, c'est quel est le bon moment pour commencer à penser à ça et à agir dessus et à sa santé ? Vous disiez juste avant, entre 50 et 65 ans, c'est sûrement là où ça se joue. Est-ce qu'une personne de 20 ans doit commencer à réfléchir à ça ?
Dr. de Jaeger : Alors, dans la réalité des choses, comment ça se passe ? La plupart des gens que nous voyons ont entre 50 et 60. Et maintenant, on voit apparaître de plus en plus de gens de 40. Alors, pourquoi ? Tout simplement parce qu'il y a de plus en plus de gens aujourd'hui qui sont conscients que leur corps change, leur performance change. À 40 ans, ce n'est pas comme à 30, à 50, ce n'est pas comme à 40 et à 60, ce n'est vraiment pas comme à 50.
Donc, on peut se cacher, mais la réalité, elle est là et elle n'est pas qu'esthétique d'ailleurs, elle est fonctionnelle. Donc, il y a de plus en plus de gens qui sont maintenant amenés à réfléchir à ça. Et comme les gens voyagent, comme les gens ont des informations qui viennent de la planète entière, eh bien, toutes ces informations les amènent à remettre en cause les dogmes. Et les dogmes, c'est, on ne peut rien faire. C'est la fatalité de la sénescence.
Eh bien, évidemment, quand on part là-dedans, on ne peut rien faire. Et si on ne peut rien faire, à quoi bon essayer de faire quelque chose ? Donc ça, c'est brisé de plus en plus, ce tabou. Il est de plus en plus brisé. Il est de plus en plus brisé chez les gens plus jeunes. Alors, il y a des éléments qui vont jouer. Par exemple, vous avez peut-être entendu parler de cet Américain qui s'appelle Brian Johnson.
Jean-Charles : C'est dur de le rater.
Dr. de Jaeger : Voilà, c'est dur de le rater. Bon, moi, je l'aime beaucoup. J'ai beaucoup de sympathie pour cet homme. Pourquoi ? Parce que... Il adore se mettre en scène. Il est là avec ses 60 gélules du matin, 50 gélules du soir. Il vous fait toute sa journée, etc. Sa journée est consacrée à sa longévité et à sa santé. D'accord.
Alors oui, il peut le faire. Pourquoi ? Parce qu'il est devenu très riche. Et puis, quand on est très riche, on se regarde dans la glace et puis on se dit, quel est au fond le bien le plus précieux que nous ayons ? C'est notre santé. Et donc, du coup, il investit dans sa santé. Mais il y en a plein d'autres. Ça se passe chez Google depuis des années avec Ray Kurzweil. Ça se passe chez Altos avec Amazon derrière. Sur notre planète, il y a des milliardaires qui cherchent leur petite solution.
Et à l'américaine, la façon américaine, c'est geek. Ils sont geeks, ils pensent que c'est simple, que la biologie est simple. Ben non, la biologie n'est pas simple. Et l'être humain est très compliqué. Et chaque être humain est différent. Et c'est pour ça d'ailleurs que nous recevons aussi des gens qui viennent des États-Unis, ils fuient leur médecine hyper technique et hyper froide. Et ça ne leur plaît pas.
Et moi, je participais à un congrès il y a très peu de temps en anglais. Et quand j'ai pris la parole, après plusieurs Américains, Anglais, etc., qui ne parlaient que d'eux, en fait, en disant, voilà, les States, United States of America, peut-être poussés par... America great again enfin, ils n'avaient même pas besoin de ça parce qu'ils étaient au top déjà. Et je leur disais mais prenez la peine de regarder autour de vous, en Europe on est très bon, et en France en particulier on est probablement meilleur que vous. Ça suscite chez nos amis américains la plus totale incompréhension, parce qu'ils ne peuvent même pas imaginer ça. Mais quand on connaît bien ce milieu comme moi, puisque je le fréquente depuis plus de 30 ans et je vois comment il évolue, on est en contact en permanence avec les Américains, les Anglais, les Allemands, les Japonais, etc. Ce qu'on est capable de faire, chapeau! Et on ne parle pas de nous. C'est très curieux, mais c'est comme ça. Donc, je rencontrais il y a quelques mois un chef de service de biologie du vieillissement à Harvard et qui me disait, mais comment ça se fait que ce que vous faites est étonnant ? Comment ça se fait que tout le monde n'est pas au courant ? Je vais discuter. C'est le côté français, on ne parle pas de nous, on préfère parler des autres.
Jean-Charles : Quand est-ce qu'il faut commencer et quel est le bon moment ?
Dr. de Jaeger : Alors, le bon moment, là, le bon moment c'est... Quand on commence à se poser des questions sur son état fonctionnel et qu'on commence à se projeter dans l'avenir et dans la réalité des choses, je vous dis maintenant c'est 40 à 60. 40 à 60, quand on se dit, ben oui, c'est plus comme avant. D'accord, ça c'est le bon moment pour entrer dans une logique de prise en charge.
Ensuite, quand on a, comme on a beaucoup de gens qui ont la cinquantaine, et ça c'est intéressant, eh bien, ils ont des enfants de 20 ans. Et lorsqu'on rentre dans une prise en charge de la sénescence, une des problématiques, c'est de savoir vers quoi on va corriger, quels vont être nos objectifs de correction.
Et les objectifs de correction, on les recrée progressivement. Vous savez, la sénescence, c'est une perte d'équilibre qui nous mène vers le bas. Donc nous... On recrée ces équilibres, on travaille sur l'homéostasie. Et jusqu'où faut-il la monter, cette homéostasie ? Quels sont nos objectifs d'équilibre ?
Alors, on y arrive progressivement, doucement, en tâtonnant, en mesurant. Mais si on avait les références des gens à 20 ans, ça serait plus simple. Et donc, ces gens-là le comprennent très bien et nous envoient leurs enfants de 20 ans pour faire un bilan, non pas forcément pour une prise en charge.
Mais ce qu'il faut savoir, c'est que ces bilans d'enfants de 20 ans ne sont jamais totalement normaux. Il y a toujours des petites choses et parfois quelques conseils. Mais du coup, ces conseils, vous savez comment sont les adolescents ou les jeunes, nous jeunes, ils disent papa nous dit ça, maman nous dit ça, mais n'importe quoi.
Jean-Charles : Là, ils agissent.
Dr. de Jaeger : Là, ils se disent, ah ben oui. Elle a peut-être raison, maman. Il faut que je fasse ça. Et donc, c'est très intéressant pour pouvoir les initier à leur santé et leur montrer que tout n'est pas automatique, tout n'est pas simple.
Et la plupart des gens viennent un petit peu à reculons parce que c'est papa, maman qui a dit tu dois y aller. Maintenant, c'est comme ça ou tu ne viens pas en vacances et tu y vas. Ils viennent à reculons et quand ils ont leurs résultats et qu'on leur explique leurs résultats, ils disent wow, je n'ai pas perdu mon temps.
Jean-Charles : Du coup, j'aimerais bien qu'on plonge avec vous dans quel est ce check-up de longévité ? Comment se passe ce premier rendez-vous avec vous ? Qu'est-ce que vous regardez vous-même ? Vous avez dit que ça peut durer entre 4h et 8h. Est-ce que vous pouvez nous le décrire de manière ultra didactique ?
Dr. de Jaeger : Ça, c'est le bilan. En fait, la première consultation, c'est une consultation d'information. Il est très important pour nous de savoir d'où viennent les gens et quelles sont véritablement leurs motivations. Nous, c'est une prise en charge scientifique. Donc, il faut s'investir là-dedans. Ce n'est pas parce qu'on corrige quelques niveaux de vitamines ou d'hormones que tout est réglé. Il faut véritablement comprendre ce qui se passe et devenir un acteur de sa santé.
Donc nous, ce qui va être important pour nous, et c'est le cas 99 fois sur 100 quand les gens viennent nous voir, ils viennent nous voir pourquoi ? Parce qu'ils ont des amis qui sont contents chez nous, qui connaissent déjà la procédure, ils ont lu un livre, ils se disent oui, mais c'est complètement évident, c'est ce qu'il me faut, c'est ce que je cherche depuis toujours, et c'est comme ça.
Mais je veux être sûr de ça. Donc, première consultation est une consultation d'évaluation du sujet, de ses motivations, de sa capacité effectivement à faire quelque chose qui soit utile pour lui. Si les gens ne suivent pas... Ça ne sert strictement à rien, ce n'est pas la peine de se lancer, c'est du temps de perdu, c'est de la chance de perdu, ça ne sert à rien.
Ensuite, on va rentrer dans une évaluation, dans un bilan, qui va comporter deux stades. Premier stade, alors je dis deux stades, mais ça se fait dans le même temps, ça va être une évaluation physiologique pour connaître la réalité de la sénescence de l'individu, et ça, ensuite, ça va dépendre du type de bilan qu'on choisit, donc ça peut aller de 4 heures à 8 heures, et donc on va passer en revue les différents systèmes, que sont le système artériel, cardiaque, pulmonaire, cérébral, cognitif, la peau, les muscles, etc.
Je ne peux pas tous les citer, il y en a beaucoup. Et évidemment, on va rechercher dans le sang tous les grands mécanismes de la sénescence. Et les grands mécanismes, on les connaît très bien depuis longtemps. On ne les a pas découverts hier, même si certaines personnes font semblant de redécouvrir le fil à couper le beurre.
Ça, c'est très intéressant en science. Régulièrement, vous avez des gens qui republient des choses qui ont été déjà publiées des fois il y a 30 ans, et en se disant "Ah ben voilà, j'ai découvert ça!" Il a mal lu la littérature. Donc, on a ces mécanismes depuis longtemps. On les connaît de mieux en mieux, on connaît de mieux en mieux l'intimité de ces mécanismes, ça c'est vrai.
Et que ce soit le stress oxydant, que ce soit le neuro-endocrinien, que ce soit la glycation, que ce soit le raccourcissement des télomères, il y a comme ça une multitude de systèmes que l'on connaît et qui vont nous dégrader et que l'on va effectivement mesurer. Et une fois que tout ça est fait, mon rôle est d'expliquer à chaque consultant, où il en est, quel est son état réel, qu'est-ce qui vieillit bien, qu'est-ce qui vieillit pas bien, quelles sont ses carences, ses déficits, et ce qu'on va faire pour justement pouvoir moduler cette sénescence.
On y associe toujours une consultation de nutritionniste et une consultation de coach sportif, tout ça, ça se fait dans notre institut et ça permet d'avoir une vision et une réponse globale pour la personne qui est intéressée par sa santé. À partir de là, les gens vont partir et il va falloir qu'ils modifient leur mode de vie.
C'est-à-dire que, et en particulier d'un point de vue nutritionnel, il y a des choses à changer. Et la grande richesse de ce que nous faisons, à mon sens, en termes de nutrition, c'est que, encore une fois, on ne regarde pas que ce qui est dans l'assiette. On attend tous les éléments biologiques pour identifier le métabolisme, mais on a aussi les éléments physiologiques. On connaît les masses grasses, masse grasse totale, masse grasse viscérale. Et tout ça va nous donner des objectifs.
Et ces objectifs, bien sûr, il faudra les atteindre. Alors si on ne les atteint pas, c'est ce qu'on verra de consultation en consultation. Et notre rôle à nous, il n'est non pas juste de donner une liste de conseils, il est d'atteindre les objectifs. Donc ce n'est pas pareil. Je tiens à ce qu'on atteigne les objectifs, je tiens à ce qu'on soit efficace.
Alors du coup, on rappelle les gens, un mois, on s'interroge. Ça va bien, ça ne va pas bien, il y a des difficultés, pas de difficultés, ils ont des questions. Donc on cherche à être le plus proche possible des gens pour justement pouvoir les accompagner. Et cet accompagnement est important.
Donc on est vraiment là face à des gens qui sont capables de s'investir dans cette démarche. Et c'est très compliqué. C'est très compliqué. Pourquoi c'est très compliqué ? Parce que... Vous partez du principe qu'aujourd'hui vous êtes en bonne santé, vous avez changé des choses aujourd'hui pour avoir un bénéfice à terme. C'est-à-dire que si vous êtes à 50 ans avec, par exemple, un risque de diabète ou de maladie cardiaque à 60 ans ou à 65 ans, vous vous battez aujourd'hui pour ne pas avoir le problème 10 ans, 15 ans plus tard.
Jean-Charles : Qui est un problème probabiliste en plus.
Dr. de Jaeger : Alors il est basse... tant probabiliste que ça, parce que nous, on a les mesures de physiologie. Donc, on voit la direction qu'ils vont prendre. Donc, on n'est plus dans un pourcentage, on est dans une quasi-certitude. Mais c'est néanmoins pas tout de suite, si vous voulez. C'est un petit peu comme quand vous emmenez votre voiture. Excusez-moi, j'adore prendre des exemples automobiles, parce que je trouve que ça parle bien. Si vous n'avez plus d'huile dans votre carter, vous pouvez conduire assez longtemps avant que votre moteur se bloque.
Jean-Charles : La probabilité qu'il se bloque est de 1.
Dr. de Jaeger : Mais au final, c'est une certitude, mais vous ne savez pas quand. Et du coup, vous allez devoir mettre de l'huile, et vous embêter à faire la maintenance et mettre de l'huile, alors que vous roulez bien. C'est tout le problème. Pour votre voiture, c'est la même chose. Quand vous voyez votre truc qui s'allume en disant qu'il faut faire la maintenance, la plupart des gens vont vous dire ça va encore me coûter de l'argent et me prendre une demi-journée.
Comment est-ce qu'il faut que j'aille au garage ? Il faut que je rentre comment ? Machin, bidule. Donc c'est un embêtement, c'est rien d'agréable. Et c'est simplement pour que ensuite vous ayez la capacité de rouler dans de bonnes conditions le plus longtemps possible. Donc cet investissement qui est vraiment psychologique et qui est important, il est cette motivation.
Les gens qui ne sont pas motivés, ce n'est pas la peine qu'ils viennent. D'accord, ce n'est pas la peine. Ce n'est pas la peine, ce n'est pas la peine. Gardons la place pour les gens qui sont motivés, qui ont envie d'agir. Et c'est important, encore une fois, parce qu'on est capable d'être actif. Parce que votre masse grasse viscérale, elle peut se réduire. Pas en trois semaines, mais progressivement.
Et on arrive à un autre point qui est très intéressant. C'est que, parfois... on stagne. Mais même cette stagnation est une victoire.
Jean-Charles : Stagner, c'est mieux que se dégrader.
Dr. de Jaeger : Exactement. C'est-à-dire que dans le cadre de la sénescence, il y a une dégradation. Donc du coup, si vous stagnez, ça veut dire que vous gagnez le delta.
Jean-Charles : Le delta avec la dégradation,
Dr. de Jaeger : bien sûr. Voilà. Et c'est important parce que c'est déjà une victoire, il faut que les gens le comprennent. Et ensuite... Comme j'aime à le répéter, on n'est pas Dieu. Donc l'immortalité, elle n'est pas au programme. Donc c'est vraiment, vraiment quelque chose qui n'a rien de simple. S'investir aujourd'hui dans votre santé est quelque chose de compliqué.
Nous, les gens que nous voyons, sont tous des gens qui ont déjà une logique de santé. C'est-à-dire qu'on n'a quasiment pas de fumeurs qui viennent. Quasiment pas. On n'a pas de gens en grande surcharge. Parce qu'ils savent déjà que c'est un problème. Donc tout ça est important. Ils ont déjà une certaine activité physique.
Jean-Charles : Ils ont commencé le parcours,
Dr. de Jaeger : oui bien sûr. Ils ont toujours été sensibles au parcours. Et le fait qu'ils veuillent à un moment donné avoir une évaluation scientifique est important. Parce que quand vous faites des choses dans votre coin, vous pouvez vous dire oui c'est bien, mais c'est suffisant.
Jean-Charles : Ou est-ce que je mets mon énergie et mon temps au bon endroit ?
Dr. de Jaeger : Voilà. Donc c'est pour ça qu'il est important, à mon sens, d'avoir ces éléments scientifiques. Ensuite, il faut également savoir que tout le monde, alors nous, on est sur un gros plateau technique, on a une expérience, mais les gens peuvent déjà commencer chez eux. Et c'est ce que je décris aussi dans le livre, c'est que si vous vous rendez compte qu'à 50 ans, qu'à 55 ans, qu'à 70 ans, vous n'êtes plus capable de faire ce que vous faisiez il y a 2-3 ans, il faut se poser des questions. Il ne faut pas juste admettre.
Donc là, vous pouvez déjà voir avec votre médecin traitant. Parce que si vous dépassez un certain âge, il y a peut-être en plus une pathologie derrière. Et s'il y a une pathologie derrière, il faut la dépister, il faut la traiter. Et donc là, le médecin traitant est vraiment l'interlocuteur qui est indispensable.
Et à ce moment-là, il faut lutter. Il faut se dire, OK. Avant, j'allais facilement faire acheter mon pain à 3 km. Maintenant, je ne peux plus faire qu'un kilomètre. Donc, il faut que je me batte. Il ne faut pas que j'accepte ça. Il faut que je rentre dans un système d'entraînement avec le médecin, peut-être avec le kiné, pour pouvoir, où que je sois en France, aller plus loin.
Si je suis en surcharge pondérale, la surcharge pondérale, aujourd'hui, on sait, on mange trop. Et on mange trop de sucre. Donc, c'est facile à dépister. Ensuite, il faut changer les habitudes des gens. Ce n'est pas simple, parce qu'ils ont une masse d'excuses. Mais c'est pour ça que la complicité, je dirais, mais complicité dans le sens très positif, avec le médecin, est quelque chose de très utile, me semble-t-il, et beaucoup de médecins, de plus en plus de médecins.
Dr. de Jaeger : Moi, je fais beaucoup de formation à la fac de médecine, etc., et je participe à beaucoup d'enseignements. Il y a de plus en plus de médecins qui sont intéressés. Bon, donc ce premier temps, il est déjà intéressant. Ensuite, il y a les gens qui veulent aller au maximum.
Jean-Charles : Et pour revenir sur les mesures, j'aimerais bien comprendre, on a parlé au début de... par exemple de rigidité artérielle. Comment vous mesurez ça concrètement ? À quoi ça ressemble en test pour mesurer la rigidité artérielle ?
Dr. de Jaeger : C'est très simple. On évalue la vitesse à laquelle se déplace l'onde de pouls sur le système artériel. Et en fait, il y a une relation mathématique extrêmement bien corrélée entre vitesse et rigidité artérielle. Donc plus l'artère est rigide, plus la vitesse de l'onde de pouls sera rapide. Plus l'artère est souple, plus la vitesse de l'onde de pouls ralentit.
Donc ça, c'est une notion de physiologie élémentaire qui est connue et développée depuis 50 ans. Alors, bien illustrée depuis plus de 50 ans, mais qui est connue depuis Marais au 18e. Donc, 19e, les gens ont beaucoup travaillé sur ces notions-là et ont déjà pu les mesurer. Donc on n'est pas dans quelque chose de révolutionnaire.
Et moi, j'adore le rappeler à nos collègues médecins quand je fais mon cours. Il y a tout un passé, et je ne remonte pas même à nos amis chinois avant Jésus-Christ qui s'intéressaient déjà au poux et à sa manière de fonctionner. Il y a des traités entiers sur le poux. Alors nous, on l'utilise de façon très primaire par rapport à ça, mais on est capable de l'évaluer de façon hyper précise.
Maintenant, ensuite, il y a des technologies qui sont des technologies qui sont, que je dirais, comment dire, qui sont des approches. Vous avez des balances connectées qui sont censées donner votre rigidité artérielle. Soyons clairs, ce n'est pas possible. Alors, oui, on peut donner un chiffre à travers un algorithme, mais cet algorithme n'est vrai que dans une tranche extrêmement étroite.
Et la marge d'erreur est tellement énorme que là encore, on est plus dans du marketing qu'autre chose. Mais bon, ensuite, moi je jette la pierre à personne. Je crois que tout ce qui pourrait être fait dans le domaine de la santé et tout ce qui pourrait être fait pour permettre aux gens de mieux apprécier leur santé, c'est bien.
On a les montres connectées qui vous donnent sur votre smartphone une quantité d'informations. Donc les gens souvent se disent "Ah c'est super sympa, je vais regarder mon sommeil, mon stress, mon machin, mon bidule, ma variation de fréquence cardiaque." Ils le font deux jours, trois jours, des fois une semaine, puis il passe à autre chose. Parce qu'ensuite, il faut savoir utiliser, il faut savoir interpréter tous ces éléments-là.
Et la méthode de mesure, alors moi, évidemment, j'ai parlé de moi, parce que moi, ça m'amuse beaucoup. Dès qu'un nouveau truc sort, il faut que je l'essaye. Mais je l'essaye en parallèle à des mesures parfaitement bien décrites, c'est-à-dire que si je regarde par exemple la fréquence cardiaque, je vais porter un holter cardiaque et je vais regarder les deux et je vais comparer. Et là, ça fait peur. D'accord ? Parce qu'effectivement, une montre ne peut pas, avec juste quelques capteurs sur votre poignet, ne peut pas avoir la fiabilité.
Il y a des choses étonnantes. La détection avec certaines watches, certaines montrent des arythmies. C'est vachement bien déjà. C'est impressionnant. Mais ce n'est qu'indicatif. Et ensuite, il faut savoir rendre ça fiable à travers des mesures plus scientifiques.
En fait, excusez-moi, il faut le dire à un moment ou à un autre, disons-le maintenant, ce qui est fondamental, ce qui est fondamental, c'est que le corps humain est hyper complexe et il faut l'admettre. On a maintenant, et c'est pour ça qu'on vit une période extraordinaire, on a des moyens techniques d'appréciation de nos différents systèmes, des moyens qui sont parfaitement fiables.
Mais, on a des moyens d'intervention. Intervention parce qu'on a les premiers moyens de détection et d'évaluation. Mais on essaye de simplifier toujours les choses. Moi, je le vois par exemple sur l'appréciation des fonctions cognitives. On a des tests qui prennent beaucoup de temps à être faits, et puis il y a des mini-tests, puis il y a des micro-tests, si vous voulez, qui sont des tests qui simplifient de plus en plus la problématique pour gagner du temps. Mais du coup, on passe à côté de plein de choses.
Donc, il faut savoir qu'il y a des instruments grand public, ce sont des instruments grand public qui nous permettent d'apprécier les choses. C'est comme quand vous regardez la nuit, vous regardez la lune avec une petite lunette, ou votre smartphone, ça donne des images, ça ne remplacera jamais un télescope. D'accord ? Donc, il y a le public, le grand public, et il y a le professionnel. Mais c'est déjà pas mal.
Jean-Charles : Mais c'est déjà pas mal, il faut... et ça permet de mettre un premier pied dans le professionnel. Pour juste finir sur ce... Ce check-up complet qui dure de 4 à 8 heures, c'est combien de tests en tout ? Vous parliez de votre plateau technique, à quoi ça ressemble ? Je pense que c'est une curiosité de beaucoup d'auditeurs de savoir à quoi ça ressemble.
Dr. de Jaeger : Il y a différents bureaux qui contiennent des machines et les gens passent d'une machine sur l'autre. Ça ressemble à des centres de diagnostic, si vous voulez. Il y a beaucoup de centres de check-up. Et tous ceux qui connaissent les centres de check-up savent comment ça se passe. Vous avez votre prise de sang, ensuite vous allez dans un premier check-up, un deuxième bureau, un troisième bureau, un quatrième bureau.
Et nous, nous avons notre particularité à nous, c'est non pas les machines en tant que telles, c'est l'interprétation des résultats de ces machines. Donc c'est ça qui est notre travail depuis, je vous dis, 30 ans. Et l'interconnexion de tous ces éléments-là nous donne des data qui sont absolument extraordinaires et qui vont permettre, à ce moment-là, de préciser cette sénescence.
Et ça, c'est des datas qu'on a, nous, depuis longtemps, puisque c'est ce qui m'a toujours intéressé, en fait. C'est ça, le truc.
Jean-Charles : Et du coup, à la personne qui vient, à vos patients, vous leur donnez une sorte de tableau de bord à la sortie avec ces données-là, une interprétation. À quoi ressemble après ? Est-ce que vous pouvez nous décrire, bien sûr, un anime, à quoi ressemble un plan d'action concret derrière ? J'imagine qu'il y en a une infinité, mais juste pour comprendre le niveau de détail.
Dr. de Jaeger : On commence toujours par les choses compliquées. Les choses compliquées, c'est le mode de vie. Nutrition, il faut changer les choses. Ça a l'air de rien comme ça, mais pour les gens, parfois, c'est une sacrée révolution de se dire que... Parce que beaucoup de gens n'ont aucune idée de la réalité de ce qu'ils mangent. Il faut vraiment leur mettre le nez dans l'assiette pour qu'ils se rendent compte. Et encore, compliqué pour certains.
Moi j'adore les gens à qui vous dites “vous mangez du sucre ?”. “Non, je mange pas de sucre. Et je mange le matin, ben, ma tranche de pain avec de la confiture.” Mais ils ne mangent pas de sucre, par rapport à “Ah oui, mais c'est moi-même qui fais ma confiture.” Donc il y a plein d'erreurs qui sont hyper grossières, d'accord ? Mais ça... C'est traité par notre nutritionniste et puis ensuite on leur donne un plan d'action par rapport à ça.
L'exercice physique. L'exercice physique, c'est compliqué. Moi, pour faire mes trois séances, je me lève plus tôt, je m'impose trois fois par semaine une heure et je sais que, par exemple, compte tenu de ce que je suis, il faudrait que ça soit deux heures trois fois par semaine. Mais je n'ai pas le temps, donc je biaise. Mais déjà, une heure trois fois par semaine, c'est compliqué parce que derrière l'heure, vous y allez, vous revenez. Si vous avez vraiment bossé, il faut prendre une douche.
Si vous n'avez pas bossé... Moi, j'adore... Je suis dans une salle de sport où quand je fais de la musculation, quand vous faites des choses, vous regardez les autres. Les autres ne font rien. Ils sont dans leurs habitudes. Moi, il y a des gens que je connais dans cette salle depuis dix ans. Ils font toujours le même poids. Alors évidemment, en discutant avec des copains, ils ne font pas d'efforts. Et je pense même qu'ils n'entretiennent même pas.
Donc, il faut être capable de se donner du mal. Et ça, se donner du mal sur un exercice physique, c'est compliqué. C'est compliqué parce qu'on n'a pas envie. Et si on le fait le matin et qu'on a une journée de travail derrière, et si on veut le faire le soir et qu'on est crevé par sa journée de travail, on est dans des réalités qui sont des vraies réalités et qui fait que les gens finalement disent, quand on les réinterroge ensuite, est-ce que vous avez fait votre activité physique ?
Je ne parle pas de sport de façon générale, parce que sport en fait va avec performance. Moi je veux juste de l'activité physique. Les gens vous disent oui, et ensuite vous les interrogez. Oui, mais plus précisément. Et à ce moment-là, c'est un désastre. Mais c'est un désastre qui va faire quoi ? Qui va faire que leur masse maigre musculaire va diminuer. Si la masse maigre diminue, ça veut dire une moins bonne consommation des sucres. Donc ça veut dire une augmentation de la masse grasse viscérale. Ça veut dire une augmentation de la glycation générale. Donc, on est dans des phénomènes qui sont merveilleusement bien connus.
Jean-Charles : Et interconnectés.
Dr. de Jaeger : Et interconnectés.
Dr. de Jaeger : Et puis ensuite, il y a le déficit des carences qui existent dans notre organisme. Donc ça, c'est... On prend un exemple, un seul. Il y en aurait une multitude. C'est la vitamine D. Vous savez tous que, un, la vitamine D, ce n'est pas une vitamine. C'est une hormone. Et en plus, c'est une hormone stéroïde.
Donc quand vous vous dites que finalement vous donnez, parce que c'est ce qui est fait, des hormones stéroïdes à plein de gens sans même doser la réalité de leur vitamine D, c'est tout sauf scientifique. Excusez-moi, vous pouvez penser autre chose, mais mon point de vue à moi, c'est que c'est tout sauf scientifique.
Donc, de base, il faut là mesurer votre vitamine D. Il faut avoir un diagnostic de carence. Et puis ensuite, il faut la corriger. Et une fois qu'on l'a corrigée, qu'est-ce qu'on fait ? Eh bien, on la réévalue. Parce que, est-ce que ce qu'on va vous donner est suffisant ou pas ? Est-ce que si vous et moi, on prend le même nombre d'unités internationales de vitamine D, est-ce que ça sera suffisant pour vous ou trop pour moi ?
Je veux dire, moi je suis désolé. Le problème de la médecine de la longévité, c'est pas un problème, d'ailleurs c'est une richesse, c'est que c'est une médecine personnalisée, personnalisée. Donc il faut tenir compte de ce que nous sommes, de nos capacités d'absorption et de nos besoins de consommation. Et donc, une fois qu'on a donné notre vitamine D, on la réévalue. Et si elle est toujours insuffisante, on augmente. S'il y en a trop, on diminue.
Et ça, vous pouvez le faire sur des centaines de molécules qui tournent dans le corps et qui ont un effet sur notre santé. Je vous rappelle que la vitamine D... Je dis vitamine, je devrais dire hormone D, hormone stéroïde D. Ça ne joue pas que sur l'os. On a découvert à l'occasion du Covid que ça jouait sur l'immunité. Nous, physiologistes, on sait ça depuis 30 ans.
Mais bon, donc c'est bien, comme je le dis toujours, c'est bien que de plus en plus de gens soient informés des réalités. Donc ça joue sur l'immunité, ça joue sur le muscle. Ça joue sur le cerveau, ça permet de prévenir certains cancers, etc. Je veux dire, donc, ce n'est pas un petit truc qu'on prend comme ça quand on a le temps. C'est une véritable molécule santé. Mais, encore une fois, c'est important de savoir où vous en êtes.
C'est quand vous remplissez le réservoir de votre voiture, généralement, vous regardez le niveau avant de remplir. Si le réservoir est plein, vous n'avez pas à en rajouter. Et si votre réservoir est vide, vous n'allez pas mettre juste un litre. Vous allez adapter ce que vous allez mettre dans votre voiture au volume de votre réservoir, à la capacité de votre réservoir. Ce sont des choses qui sont horriblement évidentes. Jean-Charles : Surtout que là, il y a des pouvoirs de nuisance forts. Trop de fer dans le sang, très contre-productif.
Dr. de Jaeger : Alors... Si vous parlez du fer, le fer, si on n'a pas assez, on est dans une situation, si elle est à l'extrême d'anémie. Mais là, la première recherche, c'est de savoir si on ne perd pas du fer.
Jean-Charles : C'est la ferritine aussi.
Dr. de Jaeger : Absolument. Et la deuxième recherche, parce que ça peut révéler une maladie, la deuxième chose, c'est de savoir comment vous l'absorbez. Qu'est-ce qui se passe dans votre corps ? Et si vous en prenez trop ? Vous passez dans l'oxydation. Et là, je vous remercie d'avoir évoqué cette thématique. C'est qu'on voit que sur l'ensemble des molécules qui sont à notre disposition, eh bien, on doit parler d'équilibre. C'est-à-dire que trop, ce n'est pas bon. Pas assez, ce n'est pas bon.
Comment déterminer l'équilibre ? Eh bien, l'équilibre passe par un dosage. Et donc, si vous ne dosez pas, eh bien, vous êtes aveugle. Et c'est ce qui fait qu'il y a énormément de consommation de compléments alimentaires parce que les gens sont un petit peu fatigués. Ils se disent, tiens, je vais me prendre ça pendant un mois. Si ça ne me fait pas de bien, ça ne me fait pas de mal.
Et c'est la notion de cure. Comme on ne sait pas, on ne sait pas ce qui ne va pas. On ne sait pas vraiment ce qu'on prend, si c'est suffisant ou pas. Mais on a une chance X d'aller un peu mieux sans risque. Donc, on prend ça. Mais mine de rien, ça représente des milliards, des milliards et des milliards pour une efficacité qui, si on l'évaluait, est excessivement faible. Et surtout, ça vous fait passer à côté de la réalité de ce que vous êtes.
Jean-Charles : Et du coup, je suis d'accord avec vous. Ce sujet de personnalisation est extrêmement intéressant. Et à la fois, j'ai l'impression qu'il y a des sujets qui sont un peu en tronc commun pour tout le monde. En nutrition, vous avez parlé du sucre, par exemple, quels sont, si on prend la nutrition et l'effort physique, quels sont les grands conseils de base avant d'aller dans la partie personnalisation ?
Dr. de Jaeger : Les grands conseils de base, on les connaît parfaitement, vous avez raison, ils ne sont pas du tout appliqués de façon générale, mais on les connaît.
Jean-Charles : C'est pour ça que je veux qu'on les rappelle.
Dr. de Jaeger : Oui, on mange trop. On mange trop de calories, ça c'est clair, c'est pas par hasard que la plupart des gens sont en surcharge. Deux, on mange trop de sucre, trop de sucre raffiné. Et comme on est sédentaire derrière, évidemment tout ça va s'accumuler dans l'organisme et dans la graisse et ce n'est pas bon. Donc première chose, je suis désolé, il faut manger moins et il faut manger moins de sucre.
Ce qui est très compliqué dans notre espace aujourd'hui de vie, dans notre environnement. Pourquoi ? Parce que beaucoup de gens sont stressés. Ils sont stressés et quand on est stressé, on mange et on mange des sucres.
Jean-Charles : Quand on dort mal, on mange et on mange des sucres aussi.
Dr. de Jaeger : Mais ensuite, tout ça tourne en rond. Vous êtes en surcharge, vous respirez mal la nuit, vous dormez mal, ça fatigue votre cerveau, ça fatigue votre cœur, etc. et ça détruit votre métabolisme. Tout ça, on le connaît par cœur. Mais quand les gens... Il faut pouvoir se prendre en charge. Et quand les gens ont la vie qu'ils ont, si vous voulez, parfois c'est compliqué.
Moi, je me souviens toujours d'une conférence. J'avais fait une conférence grand public, il y a très longtemps de ça, et j'ai une dame qui est venue me voir à la suite de cette conférence, et elle me dit, ce que vous décrivez est vraiment passionnant. Vraiment passionnant, mais vous savez, moi, ça ne m'intéresse pas. Et je lui dis, mais pourquoi ça ne vous intéresse pas ? Elle me dit, parce que j'ai une vie de merde, et j'attends que ça se termine.
Ça m'avait fait un choc, un choc! Elle m'a dit ça comme ça, j'étais pendant quelques instants silencieux, parce que j'étais profondément malheureux pour cette femme. Et alors j'ai tenté, mais vous avez tort, parce que si vous maintenez, ou si vous retrouvez une santé, peut-être que des choses vont changer dans votre vie, et elle sera plus la vie que vous pensez être. Mais j'ai tenté, quoi.
Mais ça c'est un vrai problème. Quand vous allez voir des gens, vous avez une famille, il y a quatre enfants, il y a un des membres du couple qui est au chômage et vous leur dites, les pâtes, non, pommes de terre, non, il faut manger ça, ça, ça. Ils vous disent oui, mais comment ?
Donc là, on se heurte à une véritable réalité qui est économique, qui touche beaucoup de gens. Et qu'il ne faut pas non plus, comment dire, faire semblant d'ignorer. Donc, on est capable, on sait très très bien. Moi, j'aimais beaucoup Roy Walford. Je l'ai rencontré aux États-Unis. C'est un type, typiquement l'américain, si vous voulez.
Je l'avais rencontré dans une conférence à la Nouvelle-Orléans. Il y a une conférence de gériatrie. C'était très très amusant parce qu'il y avait 2000 congressistes. Il y avait dans ces 2000 congressistes, il y avait 200 Allemands et il y avait deux Français, dont moi. Et moi, je n'ai jamais trouvé l'autre, donc je ne sais même pas s'il est venu.
Et Roy Walford était professeur de physiologie à l'Université de Californie à Los Angeles. Et c'est un type, pardonnez-moi, c'est un homme qui avait beaucoup travaillé sur la restriction calorique. Et je suis allé le voir en disant, voilà, je suis Français. Tu es jeune à l'époque et je suis passionné par ce que vous dites, etc. J'aimerais en savoir un peu plus. Elle me dit, oh Christophe, very nice, come and see me tonight. Américaine.
Donc on a passé deux heures ensemble, ensuite il m'a invité chez lui et j'ai pu rentrer dans cette notion de restriction calorique. Et cette restriction calorique est passionnante parce que chez l'animal, chez le rongeur, vous pouvez doubler l'espérance de vie d'un rongeur rien qu'en jouant sur sa nutrition et sur l'exercice physique.
Donc vous avez, c'est plus du cellulaire. Moi, quand j'ai fait de la culture de cellules, je pouvais rendre les cellules immortelles. C'est autre chose, on en parlera peut-être. Mais là, c'est doubler l'espérance de vie en bonne santé d'un mammifère. Simplement en mangeant juste ce qu'il faut pour l'organisme, et en bougeant.
Jean-Charles : Comment on définit juste ce qu'il faut ?
Dr. de Jaeger : Alors ensuite, c'est compliqué parce que ça va dépendre. Nous, on travaille sur ce genre de sujet à travers l'étude de la masse cellulaire active, qui est principalement la masse musculaire, et ça va déterminer un certain nombre de calories. Et à partir de là, on va travailler sur... dans le cadre du nombre de calories, sur un certain nombre de choses qui sont utiles, les protides, les lipides, les glucides.
Donc ça, ça va être le travail de notre nutritionniste. Et surtout, on va, parce qu'il n'y a pas de solution magique, on va voir l'évolution en six mois. Donc en fonction de l'évolution des différents compartiments de l'organisme, on va pouvoir savoir si on est juste ou pas. Donc il y a un petit tâtonnement quand même. Mais on y arrive.
Et alors, quand je suis rentré en France, je travaillais à l'hôpital Brousset à l'époque, un hôpital qui a été fermé, qui n'a pas été fermé, qui a été transféré à Georges Pompidou, et j'ai ouvert une consultation de restriction calorique. Alors juste, je vous raconte ça parce que c'est amusant. Il y a eu un petit entrefilet dans un journal, et la consultation s'est remplie en deux jours, elle a été pleine sur six mois.
Et plein de gens intéressés. Mais au bout de six mois, il n'y avait plus personne et on l'a fermé. Et vous savez pourquoi ? Parce que c'est insupportable pour les gens. C'est trop dur. On a cette sensation de faim, on perd du poids, on va bien, on va très bien même, mais on perd du poids.
Les gens en face de vous vous disent "Ah ben écoute, tu es malade, tu as vu, tu as vu ta face, tu es complètement malade." Alors vous dites "Non, je vais très bien." Ça déplait aux autres, ça leur déplait de voir que vous avez changé dans ce sens-là. Et ça vous désociabilise. Parce que si vous êtes invité par des copains, si vous êtes en famille, vous ne pouvez pas être juste avec votre demi-haricot vert et un avet. Il y a du vin, il y a des gâteaux, il y a des trucs. Vous êtes totalement désociabilisé.
Et donc, du coup, les gens renoncent. Mais la réalité expérimentale existe. Si demain, on travaille de façon... Et là, tout à coup, je pense au sémaglutide. Le sémaglutide, vous savez, c'est... Ces produits, maintenant que les gens s'injectent, pour initialement lutter contre le diabète, mais également pour lutter maintenant contre le surpoids.
Jean-Charles : Ozempic, GLP-1 etc.
Dr. de Jaeger : Je vous laisse les citer. Il y en a plein, plus ou moins bien supportés, mais c'est un boom mondial. Parce que du coup, vous faites votre injection une fois par semaine, ça dure trois secondes, et vous avez moins faim. Donc comme vous avez moins faim, vous perdez du poids. Comme vous perdez du poids, votre tension baisse, votre sucre baisse, etc. Et donc, vous éliminez un certain nombre de facteurs de risque cardiovasculaire.
Et donc, les laboratoires qui vendent ça, commencent à sortir des publications où ils disent, oui, c'est cher, mais finalement, regardez à terme, on prévient ça, on prévient ça, on prévient ça. Donc c'est excellent pour la santé humaine. Il suffit de ne pas manger et il suffit de faire un peu de sport. Mais les gens n'y arrivent pas seuls. Les gens n'y arrivent pas seuls. Enfin, il y en a qui y arrivent, bien sûr. Mais de façon générale, il y a besoin de cette aide, ce soutien. Et quand le soutien est médicamenteux, tout va bien.
Dr. de Jaeger : Ça me fait penser à autre chose. Vous avez entendu parler de la DHEA ? La DHEA est connue depuis très longtemps, elle est connue d'avant-guerre, elle a été découverte aux Etats-Unis dans les années 30, elle a été popularisée en France.
Jean-Charles : Je pense que c'est bien que vous décriviez pour l'auditoire la DHEA.
Dr. de Jaeger : Oui, la déhydroépiandrostérone, c'est un maillon du métabolisme des stéroïdes, c'est-à-dire que cette DHEA va pouvoir se transformer en oestrogène chez la femme et en testostérone chez l'homme, si tout marche bien. Et cette DHEA diminue dans le sang avec la sénescence.
Donc ça a été identifié au siècle dernier, et ça a été popularisé en France par Émile-Étienne Beaulieu, qui a sorti une étude qu'il avait intitulée DHEH dans les années 2000. Et c'était très intéressant parce que les gens, ils se disaient, écoutez, c'est la molécule de jouvence, c'est l'hormone de jouvence, donc je vais pouvoir continuer à manger mes frites avec une petite bière en regardant le match, et j'ai qu'à prendre ma pilule et tout ira bien.
Ce n'est pas comme ça la vraie vie. Ce n'est pas comme ça. Donc il n'y a pas de pilule miracle. Il n'y a pas de solution miracle, il faut avoir une vision extrêmement claire, extrêmement complète de ce qu'est un individu.
Moi je vois par exemple, il y a des gens qui s'intéressent, si on regarde les autres mécanismes de la sénescence, il y a des gens qui s'intéressent au stress oxydant.
Donc le stress oxydant, qu'est-ce que c'est ? C'est, vous savez qu'il y a besoin d'oxygène pour créer de l'énergie dans nos cellules. Et cet oxygène, dans le cadre de sa métabolisation, va créer ce qu'on appelle des espèces radicalaires de l'oxygène, qui sont les fameux radicaux libres, qui vont être autant de petites grenades dégoupillées qui vont partir dans l'organisme et abîmer tout ce qu'ils vont toucher.
C'est comme si vous étiez là, vous balanciez des grenades à droite et à gauche, et en vieillissant, le stress oxydant augmente naturellement et nos moyennes défenses diminuent. Donc c'est un vrai moyen, c'est un vrai mécanisme. Et vous avez des gens qui sont des spécialistes du stress oxydant.
Mais c'est comme si vous vous occupiez pour votre voiture, je reviens à la comparaison automobile, de la roue avant droite. Donc vous sortez de votre garage avec une belle roue avant droite, les trois autres sont crevés, vous n'avez plus de carburateur, la direction est morte et il n'y a pas de frein. Ça ne marche pas. Il faut une vision globale.
S'intéresser qu'à la nutrition, c'est pas mal, mais ce n'est pas suffisant. S'intéresser qu'à l'exercice physique, c'est pas mal, mais ce n'est pas suffisant, etc. Prendre n'importe quelle vitamine ou complexe vitaminique sur Internet, c'est pour moi, en tant que scientifique et en tant que physiologiste, une erreur.
J'ai vu en consultation, il y a peu de temps, un homme de 30 ans. C'est un ingénieur qui travaille dans un domaine qui l'intéresse, donc c'est un homme heureux, et c'est un biohacker, il me dit. Je suis biohacker. Alors un biohacker, c'est quelqu'un qui va intervenir sur son fonctionnement interne.
Et il me donne la liste de tout ce qu'il prend. Il prenait 72 molécules actives, dont un certain nombre de médicaments, comme la metformine, comme la rapamycine, comme des choses comme ça qui sont des médicaments dont on dit qu'ils interviennent ou qu'ils peuvent intervenir sur la longévité. Et je lui dis, mais vous savez ce que vous faites là ?
Et il me dit, non, justement, c'est pour ça que je viens vous voir. Je lui dis, c'est complètement dingue votre truc. C'est complètement dingue. Moi, je vous garantis que vous n'aidez pas à votre fonctionnement physiologique, vous le dégrader. Mais cet homme fort sympathique, au demeurant, avait besoin du miracle. Il n'a pas envie qu'on le mesure. Il n'a pas envie d'être face à des réalités.
Mais dès qu'il voit sur Internet un truc, il se dit "Ouais, ça, ça peut être bien, donc je le rajoute." Et si vous rajoutez les choses aux choses, vous vous rendez compte, 72 molécules.
Jean-Charles : Le niveau d'interaction est...
Dr. de Jaeger : Mais est incalculable. Et rappelez-vous ce que je vous ai dit à un certain moment. Notre fonctionnement physiologique, c'est une question d'équilibre. Donc, si vous n'avez pas de déficit et que vous rajoutez un truc, vous allez vous tirer une balle dans le pied.
Mais quelque part, il était dans cette idée que finalement, il se prenait bien en charge. On ne l'a pas pris en bilan. De toute façon, il ne voulait pas. Il ne voulait pas parce que c'était très clair. Ils ne voulaient pas, et il y a beaucoup de gens comme ça, qui ne veulent pas être dans la réalité. Ils ne veulent pas avoir la photo de ce qu'ils sont. D'accord, parce que ça peut être angoissant, et puis ça peut vous montrer que vous vous trompez depuis X années. Donc, c'est compliqué.
Jean-Charles : Un point qui m'intéresse, vous parliez de la photo d'où ils sont. Il y a beaucoup de discussions sur est-ce qu'il faut une photo ou est-ce qu'il faut un film. D'où, d'ailleurs, ce tracker grand public. Quelle est la bonne fréquence de photos, à votre sens, et comment on pilote et on suit bien ?
Dr. de Jaeger : Alors, une photo unique, évidemment, c'est le reflet d'un instant. Ça donne une idée d'où on est. Ça peut donner des directions de travail. Mais quand on est sérieux, il faut forcément avoir la photo suivante. Alors, ensuite, ça va dépendre de ce qu'on corrige.
Par exemple, si on corrige une vitamine D, c'est à deux mois. Il faut deux mois pour avoir un nouvel équilibre, un nouveau plateau. Certains systèmes hormonaux, c'est plus long, d'autres plus court. Et puis il y a l'acceptabilité. Parce qu'on vit tout de même, tous ceux que nous voyons sont des gens très actifs, avec des emplois du temps inimaginables.
Donc il faut que, si je leur dis je vous vois une semaine, toutes les deux semaines pendant trois heures, ce n'est pas possible. Donc nous, nous avons une fréquence à six mois et des tests physiologiques à un an. C'est comme ça que l'on a quelque chose qui n'est pas mal.
Vous avez des gens qui sont demandeurs de choses plus rapprochées. Si vous voyez par exemple Ray Kurzweil qui a décrit la théorie de la singularité et qui travaille pour Google. Dans le cadre de Calico, c'est le directeur scientifique. Donc lui, c'est un prospectiviste. Lui, c'est une prise de sang toutes les semaines. Brian Johnson, je ne connais pas la fréquence, mais ça doit être pareil, si vous voulez. Donc, il réajuste, il réajuste, il réajuste. Mais pour Brian Johnson, c'est devenu sa vie.
Jean-Charles : Et ça peut être la vie de peu de personnes.
Dr. de Jaeger : Pardon ?
Jean-Charles : Peu de personnes peuvent en faire leur vie.
Dr. de Jaeger : Ouais, non. C'est excessif.
Jean-Charles : Ce n'est pas souhaitable.
Dr. de Jaeger : Non, c'est excessif, ça n'a pas de sens. Enfin, pour moi, je pense que quelque chose pour que ça puisse bien réussir, ça doit être intégrable dans sa vie de tous les jours. Et c'est là où ça devient intéressant. La grande difficulté, c'est quand vous avez quelqu'un qui va super bien, il se dit, je n'ai pas besoin de ça finalement, je vais attendre six mois de plus, je vais attendre un an de plus. Et c'est là où on dérape. Et c'est quasiment toujours ça.
Donc, c'est une vraie surveillance. C'est des vraies procédures stratégiques. Tout ça est très travaillé.
Dr. de Jaeger : Nous sommes une dizaine de spécialistes de la sénescence. On se réunit régulièrement, tous les ans, et on discute de toutes nos avancées, de ce qui nous paraît être essentiel, de ce qui est complètement secondaire ou qui n'est que marketing. Et ça nous permet de réfléchir et de nous donner des objectifs pour l'année suivante, etc.
Mais le problème aujourd'hui de cette médecine, c'est en fait le marketing. Aujourd'hui, il y a une explosion de la commercialisation de cette notion de longévité. Et tout le monde, vous avez énormément de gens qui se disent compétents, mais qui honnêtement le sont d'hier ou d'avant-hier, donc ils sont décrétés compétents, ils mettent ça sur leur clinique, et comme je l'ai dit au départ, il n'y a rien de longévité.
La longévité, c'est une analyse très fine de la physiologie humaine. Ce n'est pas juste de faire des tas de dosages. On peut faire des tas de dosages, mais ensuite, il faut savoir les interpréter. Et savoir les interpréter, c'est beaucoup d'expérience, c'est beaucoup de finesse, c'est beaucoup de respect. Parce que c'est des gens qui viennent et qui vous confient ce qu'ils ont de plus précieux, c'est leur santé.
Je vais prendre une analogie qui vaut ce qu'elle vaut, et je ne veux choquer personne, mais quand vous arrivez aux urgences parce que vous êtes à deux doigts de mourir, vous n'avez plus à respirer, vous avez mal à vous jeter par la fenêtre. La seule chose que vous demandez, c'est qu'on vous soulage et qu'on trouve la solution vite fait. Peu importe la technique.
Là, c'est totalement différent. Il faut qu'on puisse expliquer aux gens pourquoi on leur propose ça, ce qu'on va en attendre. Donc, il y a une participation très active des gens à leur santé. Et ça, c'est, encore une fois, ça prend du temps. Ça prend du temps, ça prend beaucoup de pédagogie.
Je me souviens un jour d'une dame qui m'a dit, je voulais lui expliquer son bilan, elle me dit mais... "Ah non non, dites-moi juste ce que je dois faire." Bon, je lui ai dit madame, on va être tous les deux très malheureux. Est-ce que vous ne pouvez pas faire ça si vous ne comprenez pas la rue ? Il faut comprendre chaque chose. Elle m'a dit “ça ne m'intéresse pas”. Bon, effectivement, elle n'a pas tenu.
Parce qu'on veut faire de vrais changements et si vous ne comprenez pas pourquoi on fait ces vrais changements, eh bien forcément vous vous épuisez. Donc je pense que c'est une médecine extrêmement exigeante, extrêmement motivante, mais qui s'adresse à des gens très motivés. C'est vrai aussi. D'accord ? Donc il faut être informé, il faut être motivé et il faut regarder son corps.
Sa physiologie comme étant quelque chose d'unique, quelque chose qui vous est donné et qu'il faut véritablement entretenir, voire optimiser. Mais si on n'a pas cette motivation et si on ne peut pas avoir la compréhension du long terme...
Dr. de Jaeger : Alors ensuite, les perspectives. Souvent on me pose la question des perspectives.
Jean-Charles : Je voulais y venir.
Dr. de Jaeger : Les perspectives. Certainement, alors, d'abord c'est un milieu où les connaissances avancent vite. C'est vrai que c'est des connaissances qui, comme je vous le dis, sont peu partagées, parce que, comme c'est compliqué... C'est compliqué de communiquer sur des choses compliquées. Et comme les médias sont très attachés à passer juste une information, une micro-information, on est par définition à côté du problème.
Et là, je vous rends hommage de me donner un peu de temps pour pouvoir expliquer différentes choses. C'est vraiment tout à votre honneur. Probablement, on va pouvoir... Demain, aller plus loin que la simple compensation des déficits. On va pouvoir intervenir, par exemple, sur la longueur des télomères.
Alors, les télomères, qu'est-ce que c'est ? Ce sont de petites capsules qui sont au bout des chromosomes. Et ces petites capsules sont des capsules de protection du patrimoine génétique qui est porté par le chromosome. Et au fur et à mesure des divisions cellulaires, on a une réduction de cette capsule de protection qui n'est que partiellement réparée à chaque fois, mais très partiellement.
Et au bout d'un certain temps, il n'y a plus rien. Et à ce moment-là, c'est le patrimoine génétique de la cellule qui se fait attaquer. La cellule a ses propres systèmes de régulation. Elle se dit, ça dysrégule, donc j'ai deux solutions. Soit la solution qui est le suicide cellulaire, donc nous on appelle ça techniquement une apoptose, donc ça, ça peut se faire. Alors ça pose un autre problème parce que ces cellules ne disparaissent pas complètement, elles rentrent à ce moment-là dans un pool de cellules dites sénolytiques et qui nous amènent à considérer peut-être certains traitements pour les détruire. Bon, c'est encore une autre voie d'approche liée à l'inflammation.
Et puis, l'autre voie, c'est le cancer. C'est-à-dire que la cellule va se cancériser, se transformer, et là du coup la première chose que fait la cellule cancéreuse, c'est qu'elle donne un violent coup de fouet aux télomères, qui du coup augmente à fond la longueur des télomères, et elles se divisent, se divisent, se divisent, elles envahissent, détruisent tout ce qu'elles envahissent, et on sait malheureusement où ça peut nous mener.
Et on sait que... Il y a une relation clairement publiée entre la longueur des télomères et l'espérance de vie. Et on sait également, parce qu'on est capable de mesurer les télomères les plus courts, qu'il y a une relation entre les télomères les plus courts et le risque de cancérisation. Donc tout ça est très très logique.
Or on peut commencer à intervenir sur la longueur des télomères. Alors il y a plusieurs techniques qui sont connues. Je vous rappelle aussi au passage, parce que je pense que je ne l'ai pas dit, c'est le prix Nobel de Mme Elizabeth Blackburn et de ses deux co-détenteurs du prix. Donc, on est dans de la science dure. On n'est pas dans un vague truc qui a été imaginé par des savants à moitié fous. Non, non, on est dans de la science dure.
Mais on n'est pas dans la médecine, on est dans la science. Ça, c'est une notion importante. Et donc, on peut intervenir. Alors, Blackburn, elle, défend la méditation. C'est vrai que le stress, ce n'est pas bon pour nos télomères. Donc, si on est moins stressé, ça a du sens.
Ensuite, il faut avoir les bonnes techniques. Et on est tous très inégaux par rapport à la méditation. Moi, par exemple, quand j'essaie d'en faire, ça m'énerve. Et il y a plein de gens que ça énerve. Les gens qui amènent la méditation disent, oui, vous n'avez pas la bonne technique, oui, ceci, cela. Bon, bref, pour ceux qui peuvent, c'est très bien.
Jean-Charles : La marche en extérieur…
Dr. de Jaeger : Vous avez les réguliers. C'est toujours régulier, ce n'est pas une fois tous les 36 mois. Ensuite, vous avez tout ce qui va tourner autour du stress oxydant. Vous avez tout ce qui va tourner autour des équilibres hormonaux. L'oestrogène, la testostérone jouent sur cette réparation.
Et puis ensuite, vous avez les activateurs des télomères. Et nous, on a publié assez récemment, parce que ça fait trois ans qu'on fait des travaux sur l'augmentation de la longueur des télomères grâce à un complexe moléculaire. Ça marche bien. Et ce qui est intéressant, c'est que donc, à travers ce complexe moléculaire, on peut donc rallonger les télomères, mais ce n'est pas juste un intérêt biologique en disant "tiens, j'ai des télomères plus longs." D'accord ?
Tiens, quelle est la longueur de télomère ? Ce n'est pas ça. C'est qu'avec cette augmentation de la longueur de vos télomères, qu'est-ce qu'on a ? On a un assouplissement de vos artères. On a des vitesses de conduction cérébrale plus rapides, etc. Donc, on a une action sur notre sénescence.
Et donc, je pense que dans l'avenir, on aura la possibilité de travailler à travers d'autres modes d'action pour améliorer ce fonctionnement physiologique. Vous avez aussi une autre grande piste que nous on aime beaucoup, c'est tout ce qui est mitochondrial, énergétique, à travers la NADH, qui est parfaitement bien décrit par nos amis américains, du coup.
Et là aussi, si vous prenez des souris, vous les rajeunissez. Donc il y a des tas de choses qui seront accessibles demain, mais, encore une fois, il faut que tout ça soit parfaitement bien suivi. Il est impossible... Moi, je me souviens très bien, je reviens à la voiture. Moi, quand j'ai acheté ma première voiture, qui était quasiment une E-Pav, parce que je n'avais pas de moyens, et je me suis dit j'achète la voiture, et j'achète le livret d'entretien qui va avec.
Et je ne suis pas complètement débile, donc je vais la remettre en état. Elle roulait quand même. Je me suis rendu compte très vite que je n'étais pas mécano. Que même si c'est compréhensible, même s'il y a quelques tuyaux et quelques fils, et donc je pensais avoir la prétention, et je m'excuse auprès de tous les garagistes qui nous écoutent, je pensais avoir la prétention de pouvoir le faire moi-même.
Et j'ai vite compris que ce n'était pas le cas. Donc, je l'ai confié à un spécialiste de ça et il a fait la maintenance de ma voiture. Imaginez un être humain. Comment des gens peuvent, en allant juste sur Internet, en allant juste sur quelques sites où on leur pose trois questions, en faisant des tests, qui sont des tests parfois, vous savez qu'on envoie des tests salivaires, des tests maintenant sur le microbiote. Comment pouvez-vous penser, en tant qu'être humain intelligent, que ça vous permet d'avoir suffisamment d'informations pour prendre en charge votre sénescence ? C'est dingue!
Jean-Charles : Pour rebondir là-dessus, quelle est la part dans vos batteries de tests du séquençage ADN ? Est-ce que vous le regardez, vous le suivez ? Même si en France, il y a des contraintes légales assez complexes.
Dr. de Jaeger : Alors, on a fait beaucoup de séquençage. Il y a très longtemps de ça. Alors, quand je parle de télomère, c'est tout à fait autre chose que le séquençage ADN. Donc, le séquençage ADN, on en a fait beaucoup. Et on a arrêté de le faire il y a une dizaine, quinzaine d'années. Pourquoi ? Et ça, c'est important. C'est parce qu'il y a une très grosse différence entre le génotype et le phénotype.
Alors le génotype, c'est ce que vous voyez sur votre cartographie génétique, et le phénotype, c'est ce que vous êtes. Et quand on voit des gens de 50 ans, si vous voulez, ou 40, on a le phénotype. Le génotype peut être différent. Et le génotype, il est intéressant. Pourquoi ? Parce que ce n'est pas parce que vous avez le gène de telle maladie que vous ferez la maladie.
Jean-Charles : Qui sera exprimée.
Dr. de Jaeger : Voilà. Parce que ce gène va s'exprimer en fonction d'un autre gène, qui s'exprimera en fonction d'un autre gène, qui s'exprimera en fonction de si vous mangez des brocolis ou pas, qui s'exprimera en fonction de si vous faites l'amour régulièrement ou pas, qui s'exprimera en fonction de si vous faites du sport ou pas. Et ça, ça s'appelle l'épigénétique.
Et donc, vous voyez qu'on ne peut pas, on ne peut pas tirer une corrélation entre le génotype et le phénotype. Alors, bien sûr, les généticiens se mettraient peut-être à hurler, enfin ceux qui vendent des cartographies génétiques. Les autres vont sourire parce qu'ils savent que j'ai raison. D'accord ?
Vous pouvez, si on prend des pathologies graves, comme par exemple la pathologie du sein, et c'est le cas de Mme Angelina Jolie, elle avait le fameux gène du cancer, elle a préféré faire une mastectomie bilatérale plutôt que tous les six mois faire une mammo en se disant est-ce que j'ai le cancer ou pas le cancer. Donc sa probabilité n'était pas de 100% de faire un cancer, mais quand vous êtes à 95% ou 90% ça fait beaucoup quoi. Donc elle en a eu assez.
Mais dans la plupart des cas, ce n'est pas une certitude. Et donc il vaut beaucoup mieux avoir une vision du phénotype que simplement du génotype. Je vois des gens qui, parce que beaucoup, enfin beaucoup, il y a des gens qui voyagent et qui sont allés aux États-Unis et qui ont leur cartographie sur un CD ou sur une clé et qui vous montrent ça et qui vous disent, vous voyez, j'ai tant de chance de faire... Alors, si on corrèle ça à leur état physiologique, on va se dire, ben oui, là, ça marche, oui, effectivement, vous avez ça, mais ça ne changerait en problème puisque nous, on l'a mesuré que vous avez ça.
Donc, vous ayez le gène ou pas, ce n'est pas important. Ce qui est important maintenant, c'est d'en tenir compte et de corriger. Et puis là, ils me disent, j'ai le gène de ça, mais aujourd'hui, il n'y a rien dans ce sens parce que celui-ci ne s'exprime pas. Donc pour moi, aujourd'hui, ces cartographies génétiques ne sont pas les éléments clés pour nous. Ne sont pas du tout des éléments clés.
Quand quelqu'un a une probabilité de faire un diabète plus élevé, je suis désolé, à 50 ans on le voit. On n'a pas besoin de regarder le gène, on le voit. Donc tout ça, c'est enfoncer une porte ouverte.
Jean-Charles : J'ai trois questions rapides pour terminer.
Dr. de Jaeger : Et d'ailleurs, permettez-moi juste pour vous faire sourire, vous savez quelle est la principale indication des tests génétiques aujourd'hui, de façon générale ? Grand public, hein ?
Jean-Charles : Oui, je pense que les gens regardent plus leurs parentés qu'autre chose.
Dr. de Jaeger : Oui, c'est la recherche de paternité.
Jean-Charles : Exactement.
Dr. de Jaeger : C'est ça le truc top. Ensuite, il y a... Il y a les tests qui sont censés vous dire que vous aviez des gènes qui étaient asiatiques, plus ou moins négroïdes ou autres, ou caucasiens, qui viennent de tel endroit. Mais la paternité, voilà. Parenthèse.
Jean-Charles : Très bonne parenthèse, c'est en effet. Et d'ailleurs, c'est comme ça que la FDA avait jugé certains de ces tests-là, en leur disant que vous ne pouvez vous concentrer que sur ça pendant une certaine période de temps. Première question : âge biologique contre âge réel, quel est le plus grand écart que vous ayez vu ?
Dr. de Jaeger : Ah, c'est une question intéressante. L'écart le plus important que nous ayons eu est sur l'âge artériel, parce qu'ensuite on peut faire des globalités, et ça atteint 18 ans. On a vu ça une fois. Très souvent, c'est entre 10 et 15 ans.
Jean-Charles : Ce qui est quand même déjà très important.
Dr. de Jaeger : Déjà pas mal.
Jean-Charles : Et dans l'autre sens, quelle a été la meilleure surprise que vous ayez eue, dans le sens positif ?
Dr. de Jaeger : À chaque fois qu'on a quelqu'un qui est plus bas, c'est une surprise. Parce que vraiment, c'est souvent plus haut. Mais là, c'est de quelques années. Il faut savoir que les êtres humains sont en fait des mosaïques. Tout n'est pas bon, tout n'est pas mauvais. Et vous avez certains paramètres qui ne sont pas bons, d'autres qui sont meilleurs.
Et ce qui fait que quand on essaie de faire un âge physiologique général, on peut retomber quasiment sur l'âge chronologique de la personne, à quelques années près, à l'intérieur de ça, il peut y avoir des différences.
Jean-Charles : Il faut regarder les écarts. Exactement. Quel est le facteur le plus sous-estimé selon vous par les gens et la population sur la longévité ?
Dr. de Jaeger : Quel est le facteur qui a le plus d'importance ?
Jean-Charles : À la fois très important, mais aussi sous-estimé.
Dr. de Jaeger : Compliqué de vous répondre sur cette question. Je vous remercie de me l’avoir posée. Je dirais qu'aujourd'hui, le facteur le plus important, le plus connu et le plus mal appliqué, c'est ce qu'on nous apprend toujours, c'est tout ce qui est nutritionnel et exercice physique. Je veux dire, tout le monde est au courant. On ne peut pas dire qu'on n'est pas au courant, d'accord ?
Ça nous est rabâché, rabâché, rabâché, et c'est le moins appliqué, d'accord ? Ensuite, ensuite, alors... Pas par votre équipe, vous êtes tous minces ici, donc vous vous en tenez compte, mais dans la population générale non, et ça toutes les statistiques le montrent, il suffit de voir les courbes de surpoids dans notre population qui suivent largement celles des américains, et vous savez qu'un jeune américain qui naît aujourd'hui a une espérance de vie plus courte que son père.
Ensuite... Ensuite, c'est trop technique. On va rentrer dans des choses très techniques sur le neuro-endocrinien et la glycation. Mais la glycation, elle est aussi terriblement le reflet de nos erreurs sur la nutrition et sur l'activité physique. Si aujourd'hui, simplement sur ces deux éléments que sont nutrition et activité physique, vous vous preniez en charge correctement, pensez à mes souris. Ils doublent leur espérance de vie. Donc c'est important.
Jean-Charles : Et comment commencer sur l'activité physique ? Aujourd'hui, on a pas mal touché la nutrition dans nos discussions, même s'il y a un champ beaucoup plus profond et personnalisé. Sur l'activité physique, même avant de consulter, qu'est-ce que vous conseilleriez ?
Dr. de Jaeger : Ça, il faut se bouger. Ouais.
Jean-Charles : Il faut se bouger. Est-ce que marcher plus, déjà, est un bon premier pas ? Est-ce que c'est...
Dr. de Jaeger : Ben, si vous êtes totalement sédentaire et que vous mettez à marcher, c'est déjà un sacré pas en avant. Excusez-moi l'expression, mais c'est bien. Mais c'est largement insuffisant. Parce que pour que la marche soit utile, il faut marcher à un certain rythme pendant un certain temps.
Donc les gens qui me disent "Ah ben, je descends d'une station de métro avant mon boulot, c'est super!" Je dis "Mais qu'est-ce que vous faites au boulot ?" Oui, il y a une douche ? Ils me disent "Ah ben non, je fais mon boulot." Donc, en fait, ils se promènent pendant la station de métro.
Donc, la marche en elle-même, la marche tranquille, ne consomme quasiment pas d'énergie. Parce que vous déplacez le poids de votre corps. Donc, il suffit qu'il y ait un peu de vent derrière vous, et puis, il suffit d'avancer la jambe. Donc, en termes de consommation d'énergie, c'est très faible.
Non, pour que ça devienne un vrai exercice, il faut marcher vite. Et à ce moment-là... Il faut monter votre fréquence cardiaque à un certain stade que l'on peut calculer, mais qui dépend de chacun. Et il faut essayer de le faire pendant une heure. Et une heure, ce n'est pas deux fois 30 minutes ou quatre fois un quart d'heure, c'est une heure continue.
Si on n'a pas de montre connectée, si on ne sait pas trop quels sont ses objectifs, il faut se dire, je vais marcher à la limite de l'essoufflement. Donc vous marchez. Par exemple, si vous êtes avec des amis, on voit ça, Bois de Boulogne, les gens discutent entre eux. Ce n'est pas un exercice, ils se baladent au grand air. Au grand air, c'est tout. Si on peut dire que le grand air, Bois de Boulogne, enfin bon, bref.
Quand vous marchez à la limite de l'essoufflement, ça veut dire que vous ne pouvez pas parler à quelqu'un d'autre, sinon vous cassez votre effort et vous êtes obligé de vous arrêter. Donc ça, c'est un effort. Je rappelle à tout le monde que s'ils ont dépassé un certain âge, on va dire 50 ans, s'ils ont envie de commencer à faire du cardio training, vous passez par la case médecin en disant je veux m'y mettre.
Électrocardiogramme, éventuellement épreuve d'effort, il y a un minimum de choses à faire pour que cette reprise d'exercice, et je rappelle également que les reprises d'exercice sont les plus dangereuses, c'est-à-dire quand vous avez fait du sport quand vous étiez plus jeune, vous avez arrêté pendant 20 ans, et vous y remettez comme si vous aviez 20 ans, c'est là où il y a un risque réel. D'accord ? Donc, ayez l'intelligence de passer par cette case médecin.
Ça, c'est le premier temps. Ensuite, le deuxième temps, moi, il y a toujours un exercice pour faire de la musculation, qui est l'exercice le plus simple du monde, qui ne prend pas beaucoup de temps, mais qui vous sert en termes de musculation, c'est la planche. Donc, la planche antérieure, on se met sur ses coudes, sur la pointe de ses pieds, et il faut tenir une minute. Une minute, on se repose 30 secondes, mais on recommence 5 fois de suite. Alors tenir une minute est facile.
Jean-Charles : La cinquième est un peu plus difficile.
Dr. de Jaeger : La cinquième est compliquée. Des fois même la quatrième, voire la troisième est compliquée. Donc si c'est compliqué, à ce moment-là, vous commencez à 20 secondes, 5 fois de suite. Et au bout de 3 semaines, 1 mois, quand vous êtes à l'aise, vous passez à 30 secondes. Vous arriverez peut-être à trois mois, à une minute.
Ensuite, vous passez à une minute vingt. Vous voyez ? Et là, vous allez muscler vos bras, vos épaules, l'ensemble de vos muscles axiaux, vos jambes, votre ceinture abdominale. Et c'est un exercice que vous pouvez faire tous les jours chez vous. Mais il faut le faire tous les jours. C'est des trucs hyper simples qui peuvent rapporter très gros en termes de santé.
Jean-Charles : Excellent. Merci beaucoup. Est-ce que vous avez un dernier message de clôture que vous aimeriez passer ? Mis à part “Médecine de la longévité : une révolution !”. Ça, c'est moi qui me permets de passer ce message-là.
Dr. de Jaeger : Merci à vous. Merci à vous. Non, je vous remercie, moi encore, de m'avoir accordé un petit peu de temps pour détailler tout ça. Moi, mon message, mon message final, c'est quoi ? C'est : vous pouvez devenir un acteur de votre santé. Vous avez tout à y gagner. Santé et longévité. C'est possible. Et c'est possible aujourd'hui plus que jamais où que vous soyez en France, quels que soient vos moyens, vous pouvez vous y mettre et gagner de la longévité en bonne santé.
Ensuite, il y a toutes sortes de débouchés qui vont arriver dans les années à venir. Il faut respecter votre corps. Il ne faut pas vous jeter sur n'importe quoi qui est arrivé par Internet ou que certains amis vous disent, etc. Non, la santé, c'est trop précieux. Vous n'en avez qu'une. Faites-la, mettez-la dans la main des gens compétents.
Et aujourd'hui, tout de même, les médecins sont assez compétents ou peuvent s'intéresser. Et ils s'intéressent de plus en plus à ça. Mais il faut les voir pour ça. Il ne faut pas les voir en faisant renouveler un médicament, en disant, en sortant cinq minutes, "Ah docteur, qu'est-ce que je peux faire pour ma santé ?" Non, non, non, il faut prendre du temps.
Moi, je pense qu'on a un système de santé qui, tout de même, bien qu'ils soient très critiqués, marchent pas si mal que ça. Si ça marche, c'est parce que les professionnels de santé sont extrêmement dévoués, il faut le rappeler. Ils connaissent la pathologie, connaissent moins la prévention primaire, mais ils en savent tout de même beaucoup plus que vous. Donc, n'hésitez pas, pensez santé, pensez santé, santé et santé, parce qu'une fois qu'on est malade, c'est moins rigolo.
Jean-Charles : Merci beaucoup.
Dr. de Jaeger : Merci à vous.
Jean-Charles : Docteur de Jaeger, c'était passionnant. Chez Alan, nous partageons vraiment cette vision et cette conviction d' aider le plus de personnes possibles à vivre jusqu'à l'âge de 100 ans en très bonne santé. Et ça, ça passera justement en apprenant à se connaître, en investissant dans sa prévention, en mesurant. Et donc, je souscris à tout ce que vous nous avez partagé aujourd'hui. Merci infiniment.
À nos auditeurs, vous l'avez vu, nous avons exploré beaucoup d'aspects de la longévité. Passionnant, c'est le début, c'est en effet, comme il dit, un système très complexe où il faut consulter, comprendre, apprendre à se connaître, agir avec motivation. J'espère que cela a été aussi utile pour vous que cela a été pour moi, j'ai beaucoup appris. N'hésitez pas à vous abonner au podcast pour ne pas manquer les prochains épisodes et merci beaucoup d'avoir écouté.
Christophe de Jaeger : Merci à vous.
Livres et publications cités
Chercheurs et personnalités scientifiques cités