Healthier Humanity - Les 3 secrets d'une gynécologue pour traverser la ménopause sans souffrir - Dr. Brigitte Letombe

Healthier Humanity - Les 3 secrets d'une gynécologue pour traverser la ménopause sans souffrir - Dr. Brigitte Letombe

Pourquoi la moitié de l'humanité de plus de 50 ans vit-elle dans le silence une transition majeure de sa vie ? Comment se fait-il qu'en 2025, la ménopause reste encore un tabou alors qu'elle concerne des millions de femmes ? Et si cette période pouvait être vécue non pas comme une fatalité, mais comme une nouvelle liberté ?

Ces questions essentielles, le Dr. Brigitte Letombe les explore avec nous dans ce nouvel épisode de Healthier Humanity. Écoutez l'épisode ici 👇 🎙️Spotify 🍎Apple podcast 🎧YouTube Podcast

Les 3 secrets d'une gynécologue pour traverser la ménopause sans souffrir

Gynécologue de renom et ancienne praticienne hospitalière du CHU de Lille, le Dr. Letombe est l'une des figures de référence en France sur la santé des femmes. Spécialiste reconnue de la ménopause et de la santé sexuelle féminine, elle a consacré quarante années de sa carrière à accompagner les femmes à chaque étape de leur vie. Auteure de "Femmes, réveillez-vous", elle se bat pour une médecine humaine, éclairée par la science mais aussi par l'écoute des besoins spécifiques de chaque femme.

Dans cette conversation libératrice, elle brise les tabous et démonte les idées reçues : "C'est quand même consternant de se dire que la moitié de l'humanité de plus de 50 ans est ménopausée, et qu'on ne s'en occupe pas du tout." À travers son expertise clinique et son engagement, elle nous révèle une vérité essentielle : la ménopause n'est pas une maladie, mais une transition physiologique qui peut et doit être accompagnée.

Dans cette discussion éclairante, découvrez :

  • La réalité physiologique de la ménopause et de la périménopause
  • Pourquoi 80% des femmes souffrent en silence de symptômes pourtant traitables
  • La vérité sur les traitements hormonaux : entre diabolisation et révolution scientifique
  • Les clés d'une hygiène de vie adaptée à partir de 40 ans
  • Comment aborder sereinement cette transition dans sa vie professionnelle et personnelle
  • Les questions essentielles à poser en famille pour mieux se préparer
  • Pourquoi 25% des femmes vivent cette période comme une véritable liberté

Cette conversation bouleverse notre regard sur une étape naturelle de la vie féminine et prouve qu'avec la bonne information et l'accompagnement adapté, la ménopause peut être vécue avec confiance et sérénité. Que vous soyez une femme en approche de cette transition, que vous l'accompagniez ou que vous souhaitiez simplement mieux comprendre, cet épisode vous donnera les clés pour démystifier la ménopause et reprendre le pouvoir sur cette étape de vie.

Transcript

Introduction [00:45 - 02:10]

Jean-Charles Samuelian : Et si vous pouviez vivre vieux, en pleine forme ? Bienvenue sur Healthier Humanity. Je suis Jean-Charles Samuelian-Werve, le cofondateur et CEO d'ALAN. Dans ce podcast, j'interview des scientifiques, des médecins, des athlètes pour creuser la longévité. Abonnez-vous à ce podcast si vous voulez reprendre votre santé en main et ne manquez aucun épisode.

Aujourd'hui, je suis très heureux et j'ai l'immense honneur d'accueillir la docteure Brigitte Letombe. Merci beaucoup d'être là avec nous. Vous êtes gynécologue et grande spécialiste de la santé des femmes. Vous êtes l'une des figures de référence en France sur la question liée à la santé sexuelle, la ménopause et plus largement l'accompagnement des femmes à chaque étape de leur vie. Vous êtes une ancienne praticienne hospitalière du CHU de Lille. Et vous avez toujours œuvré pour une médecine humaine, éclairée et fondée sur la science, mais aussi sur l'écoute des besoins spécifiques de chacun et chacune, de chaque femme. Et je serais ravi de creuser ça avec vous aujourd'hui.

Vous êtes également très engagée dans la transmission à travers vos conférences, vos publications et vos actions de sensibilisation. Vous avez contribué à briser de nombreux tabous sur la santé féminine et c'était un sujet qui était très important pour notre société. Et vous avez notamment publié un livre qui s'appelle « Femmes, réveillez-vous », qui est un ouvrage engagé, pédagogique, qui aide à mieux comprendre les enjeux de santé féminine et à encourager les femmes, chaque femme, à reprendre le pouvoir sur son corps, sur sa santé et sa parole.

La défiance envers les gynécologues [02:10 - 03:40]

Dr. Brigitte Letombe : Oui, en fait, j'ai co-écrit ce livre avec Rika Etienne, parce qu'en 2020, j'ai donc quitté mon activité hospitalière, j'ai eu plus de temps. Et j'ai eu le temps de me poser. Et je me suis rendue compte que ces dernières années, je souffrais, honnêtement je souffrais, de la défiance des femmes vis-à-vis des médecins, mais aussi vis-à-vis des gynécologues. Et moi qui ai vécu quand même une quarantaine d'années de suivi des femmes, d'accompagnement des femmes, je me disais que les choses avaient vraiment vraiment changé, et que si nous étions, il y a 20 ou 30 ans, l'ami des femmes, nous ne l'étions plus. En tout cas, je ne le percevais plus.

Et j'avais beaucoup de jeunes femmes qui ne... n'envisageaient pas de consulter, qui ne consultaient que vraiment obligées pour une symptomatologie par exemple. Alors que la consultation gynécologique, c'est vraiment aider les femmes dans toutes leurs étapes de vie physiologique, donc dès l'installation des règles, dès les soucis de contraception, dès les soucis de sexualité, dès les soucis de désir de grossesse, d'interruption de grossesse éventuellement, de périménopause et de ménopause. Et donc j'ai... Et j'ai vraiment eu l'impression que peut-être que par le livre, il m'était possible de faire passer des messages. Je dois avouer que je regrette un peu parce que je pense que le livre, ça ne suffit pas. Et qu'aujourd'hui, il faut vraiment passer par les réseaux sociaux. Parce que les femmes sont vraiment très à l'écoute des réseaux sociaux.

Le tabou de la ménopause [03:40 - 06:07]

Jean-Charles Samuelian : On va essayer d'avoir quelques points clés aujourd'hui pour faire passer ces messages-là, parce qu'aujourd'hui j'aimerais qu'on creuse ensemble, vous avez parlé de beaucoup, il y a beaucoup d'étapes dans la vie d'une femme, j'aimerais qu'on creuse une qui est encore aussi trop méconnue, qui est celle de la ménopause et de la périménopause, qui est un sujet à la fois médical, social, intime, qui peut avoir un impact dans le contexte professionnel aussi, et personnel, dont les implications sont très profondes sur la santé physique, mentale, la qualité de vie, et j'aimerais qu'on creuse... La compréhension des symptômes, l'évolution du regard sociétal sur le sujet, l'accompagnement, comment on peut être accompagné physiquement et mentalement pendant ces étapes-là pour mieux outiller nos auditrices, chaque femme, et aussi les auditeurs qui accompagnent peut-être ces auditrices dans leur vie sur comment traverser cette période avec confiance et clarté.

Dr. Brigitte Letombe : Moi, je suis consternée de ce côté tabou qui est en train de se lever. Je crois que... Ça fait deux ans maintenant qu'on parle enfin de ménopause. C'est quand même consternant de se dire que la moitié de l'humanité de plus de 50 ans est ménopausée. Excusez-moi. Et qu'on ne s'en occupe pas du tout et qu'au contraire on le tait. Que les femmes le taisent et qu'elles essaient de gérer comme elles peuvent mais qu'elles n'en parlent pas.

Quand les femmes venaient voir les gynécologues régulièrement, on va dire de façon annuelle, cette étape physiologique, puisque ce n'est pas pathologique la ménopause, c'est physiologique, on la préparait, on l'accompagnait. Et là, comme les femmes consultent de moins en moins, on a l'impression vraiment qu'elles s'autogèrent comme elles peuvent. Et de plus, comme on est dans une société du jeunisme, en fait, la ménopause signifie cinquantaine. Pour une femme... accepter d'être à la cinquantaine, de l'afficher par une symptomatologie bruyante comme par exemple des bouffées vasomotrices, c'est quelque chose de terriblement difficile. Et beaucoup de femmes essaient de gérer comme elles peuvent sans connaître ce que c'est que la ménopause et quelles sont les possibilités d'accompagnement, voire de thérapeutique.

Qu'est-ce que la ménopause physiologiquement [06:07 - 07:48]

Jean-Charles Samuelian : Et justement, vous parlez de qu'est-ce que c'est réellement la ménopause, qu'est-ce qui se passe physiologiquement ?

Dr. Brigitte Letombe : Alors la ménopause, c'est quelque chose qui fait... Vraiment, c'est l'inégalité totale homme-femme. Là, la ménopause, à la cinquantaine, donc l'âge moyen, c'est 51 ans, les ovaires ont cessé de fonctionner. Non seulement il n'y aura plus d'ovulation, donc plus de possibilité de fertilité, mais en même temps il n'y a plus de fonction endocrine, il n'y a plus de sécrétion d'hormones, ni d'œstradiol, ni de progestérone.

Ça veut dire que ces femmes qui ont été imprégnées de ces hormones depuis même les années qui précèdent les ménarches, elles vont devoir s'habituer et en fait au niveau du corps, au niveau de toutes les cellules, au niveau de tous les organes, de tous les viscères, il y a des récepteurs œstrogéniques. Elles vont devoir s'habituer à cette carence d'œstrogène. Certaines femmes vont le vivre bien, c'est vrai, mais pas la majorité. Il y a quand même une grosse majorité de femmes, en tout début de ménopause en tout cas, qui vont vraiment souffrir, avoir une altération de leur qualité de vie, sans compter les risques qu'il pourra y avoir ultérieurement de pathologies métaboliques, cardiovasculaires, osseuses, voire neurocognitives.

La périménopause et ses montagnes russes [07:48 - 09:25]

Jean-Charles Samuelian : Il y a plein de choses que j'ai envie de creuser. On parle de deux parties, donc il y a la ménopause et la périménopause. La périménopause, est-ce que vous pouvez nous décrire un peu cette période ?

Dr. Brigitte Letombe : Bien sûr. Quand je vous dis que l'ovaire cesse de fonctionner, il ne cesse pas d'un jour à l'autre. C'est-à-dire qu'il va y avoir deux, trois ans, préalablement, où il va y avoir une dysfonction ovarienne. Des ovaires qui vont mal travailler, une mauvaise ovulation, avec des déséquilibres hormonaux, parfois pendant deux, trois mois, plus de règles et plus de sécrétions d'œstrogène, parce que l'ovaire sera au repos. Donc, des signes de ménopause, bouffée de chaleur, par exemple. Et puis, tout à coup, l'ovaire va se remettre à travailler, mais avec une mauvaise ovulation. Donc un déséquilibre entre œstrogène et progestérone, et là on va avoir des signes au contraire d'irritabilité, de surpoids, de tensions mammaires, de règles abondantes par exemple. Et donc c'est vraiment les montagnes russes. Et ça c'est pendant 2-3 ans qui précède l'arrêt des ovaires.

Le rôle des œstrogènes [09:25 - 12:20]

Jean-Charles Samuelian : Très clair. Et quel est le rôle des œstrogènes dans le corps des femmes aujourd'hui ? Ces hormones, elles sont produites comment ? Et quel rôle elles jouent dans notre vie ?

Dr. Brigitte Letombe : C'est l'équivalent de la testostérone chez l'homme. Je disais tout à l'heure qu'il y a une inégalité homme-femme. C'est que chez les femmes, il y a un arrêt de la fertilité et de la fonction endocrine. Chez l'homme, il n'y a pas d'andropause. On entend souvent parler de l'andropause. Ça n'existe pas. Il peut y avoir un déficit androgénique lié à l'âge, c'est-à-dire une baisse progressive de la testostérone. Donc c'est vrai qu'il peut y avoir une fatigabilité, il peut y avoir un besoin éventuellement hormonal chez l'homme. Mais ils sont fertiles jusqu'à la mort. Ils ont des testicules qui sécrètent l'hormone testostérone jusqu'à la mort.

Les symptômes de la ménopause [12:20 - 14:27]

Dr. Brigitte Letombe : Bien sûr, le premier signe connu de la ménopause, c'est les bouffées vasomotrices, c'est-à-dire l'impossibilité de gérer correctement cette thermorégulation. Et donc des femmes qui vont vraiment avoir 10, 15 fois par jour parfois, vraiment des bouffées vasomotrices très importantes, une chaleur du haut du corps, elles vont transpirer, être rouges, avoir un petit malaise, des petites palpitations. C'est quelque chose qui ne va pas durer, mais ça peut impacter vraiment la vie des femmes, sur le plan personnel, sur le plan familial, socio-professionnel aussi, évidemment.

Jean-Charles Samuelian : Et ces œstrogènes, ils sont produits comment avant la ménopause ?

Dr. Brigitte Letombe : Par les ovaires.

Jean-Charles Samuelian : C'est les ovaires qui produisent directement.

Dr. Brigitte Letombe : Bien sûr, c'est les ovaires. Donc, comme les ovaires vont arrêter leur fonction, il n'y aura plus de sécrétion d'œstradiol.

Jean-Charles Samuelian : Très clair. Et vous parliez de ce qu'on appelle, dans le sens commun, ces bouffées de chaleur. C'est quelle proportion des femmes qui est touchée ?

Dr. Brigitte Letombe : 80% des femmes.

L'importance de la consultation spécialisée [14:27 - 16:45]

Dr. Brigitte Letombe : Et c'est pour ça que la prise en charge de la ménopause, ça nécessite vraiment quelque chose d'individuel. Ça nécessite un médecin qui vraiment s'intéresse à toute la symptomatologie, pas seulement les bouffées de chaleur, les facteurs de risque éventuels, parce qu'il peut y avoir des facteurs de risque, qu'ils soient carcinologiques, qu'ils soient cardiovasculaires ou osseux, qui nécessitent à ce moment-là une prise en charge spécifique. Donc c'est important que toute femme dans cette tranche d'âge consulte. Et je me bats beaucoup pour qu'il y ait cette consultation spécifique de la ménopause.

Jean-Charles Samuelian : Et vous conseilleriez, dans ces périodes de vie-là, avant vous disiez, on consultait sa gynéco très régulièrement, quelle serait la bonne fréquence, selon vous ?

Dr. Brigitte Letombe : À mon sens, toute femme doit consulter un gynécologue une fois par an. Parce que la gynécologie, ce n'est pas simplement prendre en charge des pathologies. C'est faire beaucoup de prévention.

La violence gynéco-obstétricale et ses conséquences [16:45 - 17:56]

Dr. Brigitte Letombe : Et je dois avouer qu'il y a quand même de moins en moins de femmes qui envisagent ce dépistage. Parce qu'il y a eu ce contexte de violence gynéco-obstétricale et sexiste. Alors, je ne peux pas nier qu'il y a eu, bien sûr, puisqu'on a un rapport ministériel qui en parle, qu'il y ait eu bien sûr des choses qui se soient produites et que des femmes se soient plaintes, ok. Mais de là à stigmatiser toute une profession, et notamment l'acte gynécologique, comme soi-disant pouvant être un viol, puisqu'on pénètre au niveau vaginal, par le spéculum ou le toucher vaginal, ça c'est excessif.

La variabilité des symptômes [17:56 - 19:05]

Jean-Charles Samuelian : Tout à l'heure, vous parliez du fait qu'il y avait beaucoup de variabilité, de variance dans la manière dont la ménopause pouvait être vécue et sur les différentes manières dont... Je ne sais pas si on parle de symptômes, mais plutôt des signes.

Dr. Brigitte Letombe : Oui, c'est des symptômes. On a des symptômes, ce n'est pas obligatoirement une maladie, mais c'est des symptômes. Les bouffées vasomotrices, les douleurs articulaires, la fatigabilité, les troubles du sommeil. Il peut y avoir des troubles du sommeil, pas seulement du fait des sueurs nocturnes qui réveillent. Il peut y avoir des troubles du sommeil du fait de l'hypo-œstrogénie. Donc il faut bien savoir que sur le plan neurologique, les femmes doivent se réhabituer à cette absence des œstrogènes. Les œstrogènes sont très importants sur le plan neurologique. Au niveau du centre thermorégulateur, ce qui explique les bouffées vasomotrices, mais pas seulement. Au niveau de l'humeur, par exemple, au niveau des troubles de concentration. Les Anglais parlent du fog, ce brouillard cérébral.

L'hygiène de vie à partir de 40 ans [19:05 - 24:35]

Jean-Charles Samuelian : Et on n'a pas vu de corrélation qui peut avoir lieu avec la nutrition, le sommeil ou d'autres paramètres ?

Dr. Brigitte Letombe : Évidemment, on ne l'a pas encore dit. Mais le b.a.-ba de la prise en charge, quand on est dans cette tranche de vie 45-55 ans, c'est bien sûr s'intéresser à son hygiène de vie. C'est vrai que jusqu'à la quarantaine, je dirais, on peut se permettre de ne pas avoir une hygiène de vie parfaite, peut-être fumer un peu, peut-être boire un peu, peut-être ne pas faire de sport, peut-être manger un peu n'importe quoi. Mais quand on arrive à la quarantaine, d'ailleurs les hommes doivent y penser aussi, quand on arrive à la quarantaine, c'est vraiment le moment de se dire « Bon, là, maintenant, le tabac. »

Évidemment que le tabac, c'est majeur pour tous les risques, que ce soit les risques carcinologiques, on le sait bien, mais aussi les risques cardiovasculaires, les risques osseux, les risques de la symptomatologie. On a plus de symptômes de ménopause, plus de bouffées de chaleur quand on fume, par exemple. L'alcool, bien sûr, tout le monde le sait, il ne faut pas abuser d'alcool. Je ne dis pas qu'on ne peut pas boire d'alcool, mais dès qu'on boit deux verres d'alcool par jour ! Là, on a des effets, qu'ils soient carcinologiques, hépatiques ou autres.

L'étude WHI et la stigmatisation du traitement hormonal [24:35 - 34:22]

Jean-Charles Samuelian : En effet, j'avais lu quelques papiers intéressants là-dessus qui montraient qu'il y avait eu un moment, un papier scientifique qui avait montré une certaine corrélation, mais ça a été complètement disproportionné la manière dont ça a été pris dans la presse. Alors on va faire le point.

Dr. Brigitte Letombe : Je suis ravie que vous creusiez ça. Si ce podcast doit être utile, il va au moins être utile pour cela. Le cancer du sein, il est extrêmement fréquent. Aujourd'hui, le cancer du sein touche une femme sur huit. J'ai commencé il y a 40 ans, c'était une femme sur 14. Ce n'est pas le traitement hormonal qui est responsable de ça.

Cette étude dont vous parlez, c'est l'étude américaine WHI. C'est une étude, grosse étude, randomisée, vraiment un nombre énorme de femmes qui ont été suivies pendant 5 ans. Le gros souci, c'est un gros souci. Je vous ai dit que 80% des femmes avaient une symptomatologie à l'installation de la ménopause. Donc, il n'y a que 20% de ces femmes-là, en début de ménopause, qui ont pu être prises dans l'étude. Et donc, ils ont fait quoi ? Ils ont pris des femmes éloignées de la ménopause. Et la moyenne d'âge de cette étude, c'était 63 ans. Plus de 10 ans de ménopause installée.

Le parcours de soins et les alternatives [34:22 - 40:00]

Jean-Charles Samuelian : C'est extrêmement intéressant. Comment est-ce que, justement, quand on arrive, j'aimerais bien que vous nous fassiez ce parcours un peu de soins qui amèneraient à un traitement hormonal et quelles sont les autres possibilités, thérapeutiques, non thérapeutiques ? Qu'est-ce qui fait qu'on déclenche un traitement hormonal ? À quoi ça ressemble ? Quelles sont les étapes ? La durée, expliquez-nous tout ça.

Dr. Brigitte Letombe : Alors, cette consultation... que j'espère toutes les femmes de la cinquantaine auront, nécessite de faire ce qu'on va déjà faire dans le dépistage classique. Le dépistage classique pour toutes les femmes, quand je vous dis qu'elles doivent avoir, si possible, une consultation annuelle. Dans ces consultations, il y aura un dépistage cervical. Le dépistage cervical, ce n'est plus le frottis, c'est un test HPV.

L'efficacité du traitement hormonal [40:00 - 44:51]

Jean-Charles Samuelian : C'est quel impact sur les symptômes, ces traitements hormonaux ?

Dr. Brigitte Letombe : C'est 90%. Sur les symptômes, sur la qualité de vie, c'est 90%.

L'activité physique à la ménopause [44:51 - 46:46]

Jean-Charles Samuelian : Tout à l'heure, vous parliez de cette perte musculaire qui arrive avec la ménopause. Quelle typologie d'activité physique vous conseillez de faire ? Parce que toutes les activités physiques... Les activités physiques n'ont pas les mêmes impacts ?

Dr. Brigitte Letombe : Non. Toutes les activités physiques ont un impact musculaire. Mais on cherche aussi un impact osseux. Donc si on cherche un impact osseux, il faut que ce soit un sport à impact. Il faut que ce soit quelque chose qui soit... Alors aujourd'hui, on parle beaucoup déjà de la marche avec du poids. On parle beaucoup de ça et je pense que c'est une très bonne idée.

Les troubles cognitifs et l'humeur [47:49 - 52:41]

Jean-Charles Samuelian : Très clair. Vous parliez tout à l'heure des troubles cognitifs et d'humeur, ce fog, vous voulez ? Est-ce que vous pouvez nous parler un peu plus de comment ça se traduit et combien de temps ça dure ?

Dr. Brigitte Letombe : Alors, ce qui est important, et c'est pour ça qu'on en parle beaucoup, c'est que c'est quelque chose qui arrive en périménopause. Ça commence déjà quand on manque d'œstrogène, pas seulement quand on n'en a plus. Et il y a beaucoup de femmes qui ont cette impression de ne plus avoir, de ne plus arriver à se concentrer, elles ont des troubles de mémorisation, elles disent « moi je suis moins performante ». Et on le voit d'ailleurs. C'est les Anglais qui ont montré qu'il y a des femmes qui quittent leur activité professionnelle parce qu'elles pensent qu'elles ne sont plus à la hauteur, elles n'ont plus les mêmes compétences.

Les questions à poser en famille [52:41 - 55:38]

Jean-Charles Samuelian : Vous parlez justement de cette relation de sa maman qui avait eu un cancer du sein. Si vous étiez une femme aujourd'hui, dans la trentaine ou dans la quarantaine, quelles questions vous poseriez à votre maman ? Quelles sont les trois questions qu'il faut poser ? L'âge de la ménopause ?

Dr. Brigitte Letombe : L'âge de la ménopause, c'est important parce que c'est quand même a priori familial. Les femmes qui ont une mère qui ont été ménopausées à 48 ans ou à 55 ans, ce n'est pas pareil. Donc, c'est vrai que c'est intéressant. Après, la seule chose, c'est de savoir si on a des facteurs de risque osseux. Les facteurs de risque osseux, on sait s'il y a eu des fractures dans la famille.

La ménopause dans le milieu professionnel [55:38 - 58:57]

Jean-Charles Samuelian : En termes de, on parlait de la vie professionnelle et de l'impact, quels conseils vous donnez aux femmes pour... parler de ménopause dans le milieu professionnel ou pas ? Comment on approche ce sujet dans le milieu professionnel ?

Dr. Brigitte Letombe : Je pense que dans le milieu professionnel, tout le monde doit être informé. Quand on arrive à la cinquantaine, il peut y avoir des choses qui se passent et qu'il faut pouvoir les rapporter à quelque chose qui est physiologique, qui est la ménopause. Et qu'une femme éventuellement, par exemple... Si elle doit faire un discours, si elle doit faire une formation et qu'elle a tout un panel, et que tout à coup parce que c'est à ce moment-là, quand on est stressé, qu'on a des bouffées de chaleur, qu'elle puisse sortir deux minutes en disant « écoutez, j'ai besoin de prendre l'air » et que ce ne soit pas quelque chose de mal vécu.

Le suivi après la ménopause [58:57 - 61:13]

Jean-Charles Samuelian : Et une fois qu'on a cette ménopause officielle, donc après un an d'absence de règles, quel est le reste du suivi et qu'est-ce qui se passe dans cette phase où la ménopause est actée ?

Dr. Brigitte Letombe : C'est le même, c'est-à-dire une consultation annuelle toujours. L'adaptation du traitement hormonal, je vous dis, on le met en place. Alors, il y a des gynécos qui font à trois mois ou à six mois, mais je fais à six mois, mais je donne un moyen de me contacter, si possible, si nécessaire. Et puis, à partir du moment où on a trouvé un rythme de croisière, on se revoit tous les ans.

La formation des gynécologues [61:13 - 64:06]

Jean-Charles Samuelian : Tous les gynécologues sont formés de manière égale sur ces traitements hormonaux. Comment on peut s'assurer que notre gynécologue est formé là-dessus ?

Dr. Brigitte Letombe : Je voudrais pouvoir vous dire oui, mais ce n'est pas le cas. Ce n'est pas le cas parce qu'il y a eu, malheureusement, cet abandon du traitement dans les années 2000. Donc tous les jeunes gynécologues qui ont été formés après cette étude américaine où on a vraiment laissé tomber le traitement hormonal, c'est vrai que tous ces médecins, même les médecins généralistes, parce qu'avant l'étude américaine, il y avait pas mal de médecins généralistes qui traitaient les femmes.

La sexualité pendant la ménopause [64:06 - 66:41]

Jean-Charles Samuelian : Comment vous abordez les questions de sexualité pendant cette phase-là avec vos patientes ?

Dr. Brigitte Letombe : J'aborde la sexualité tout au long de la vie des femmes. C'est un vrai problème. Un vrai souci, c'est que malheureusement, on ne parle pas assez de sexualité. Je pense qu'on n'a pas... Il y a quand même beaucoup de médecins qui disent « Oh là là, je ne vais pas commencer à parler de ça, c'est intrusif. » Ce n'est pas du tout intrusif que de parler de sexualité.

Les ressources et l'information [66:41 - 69:31]

Jean-Charles Samuelian : Est-ce qu'il y a d'autres ressources que vous conseillez pour trouver les bons gynécologues, pour comprendre ces traitements hormonaux en ligne ? Qu'est-ce que vous conseillez ?

Dr. Brigitte Letombe : Alors, les bons gynécologues, je ne peux pas vous donner une liste, mais bon, ça se sait en général. Après, pour ce qui est de l'information, il y a une information qui est très bien faite que les femmes peuvent retrouver sur le site de la Société Française de Ménopause, le GEMVI, Groupe d'études de la ménopause et du vieillissement hormonal. Et sur la première page de ce site, vous avez la balance bénéfice-risque du traitement hormonal. C'est www.gemvi.org.

Message final et perspectives d'avenir [69:31 - 73:41]

Jean-Charles Samuelian : Ce bilan complet dure combien de temps ?

Dr. Brigitte Letombe : Je pense que la première consultation pour une femme, c'est 35 minutes, 45 minutes.

Jean-Charles Samuelian : Docteur Letombe, merci. C'était très, très éclairant. Sincère, pédagogique, didactique sur un sujet qui est trop peu connu, avec comme vous le disiez beaucoup de tabous dans la société mais aussi chez les femmes sur comment approcher cette période de vie. J'espère qu'on a réussi à faire passer des messages, à démystifier des choses, à comprendre les mécanismes et les solutions qui existent et dans quel cas on peut y aller. Donc un immense merci pour avoir expliqué ce qu'est la ménopause, la périménopause et comment on peut la traiter, comment on peut la gérer, comment on peut l'accompagner. J'ai adoré cette vision. Elle répond beaucoup à nos visions qu'on essaie de porter chez Alan sur la prévention.

Dr. Brigitte Letombe : Avant de terminer, je voudrais quand même dire qu'il y a quand même 25% des femmes qui sont ravies d'être ménopausées. Il faut quand même le positif de la chose. Le positif de la chose, c'est la liberté des femmes. Enfin, elles n'ont plus de soucis de menstruation, de contraception, de tout ça. Et de la symptomatologie périménopausique qu'on a effleurée et qui peut parfois être très très difficile à vivre pendant de nombreuses années. Donc vraiment, ça peut être vécu comme une liberté. Mais cette liberté, si elle est obérée par une symptomatologie, il faut vraiment qu'elle cherche des solutions.

Jean-Charles Samuelian : C'est très clair. Un immense merci. Si vous avez trouvé cette conversation utile, partagez-la autour de vous. Le plus de personnes écoutent, le plus on arrive à faire passer ces messages, à faire évoluer les pratiques, à casser des mythes qui n'ont plus lieu d'être. Abonnez-vous au podcast si vous avez été intéressés, partagez-moi des idées de sujets que vous aimeriez traiter mais encore une fois, docteur Letombe, un immense merci d'avoir contribué à notre connaissance et à défricher ce sujet complexe mais que vous avez traité de manière très didactique et passionnante.

Dr. Brigitte Letombe : Merci à vous d'avoir donné la possibilité.

Jean-Charles Samuelian : Avec joie, merci.

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Mis à jour le 19/11/2025

Publié le 19/11/2025

Mis à jour le

19 novembre 2025

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