Je suis Directrice des Ressources Humaines du groupe Celio depuis deux ans. Mon parcours professionnel s'est construit entre le retail et l'industrie. La fonction RH, je la vis avec passion car elle correspond profondément à mes valeurs.
Aurélie Fliedel : Quelles sont les personnes ou les expériences qui vous ont influencée et qui vous ont emmenée là où vous êtes aujourd'hui ? Marie-Karine Tibi : Ce ne sont pas tant des personnes spécifiques qui m'ont inspirée, mais plutôt les rencontres quotidiennes avec les collaborateurs et les managers qui nourrissent mon engagement.
A.F : "S'occuper de l'humain" ce sont vos mots : quel sens est-ce que cela revêt aujourd'hui ?
MK.T : Notre défi majeur est de trouver l'équilibre optimal entre performance et bien-être des collaborateurs. La santé mentale des équipes est devenue un enjeu prioritaire, bien que complexe car elle dépasse le cadre professionnel.
L'environnement post-covid a révélé de nouvelles fragilités. Mon métier a considérablement évolué : initialement centrée sur les aspects juridiques, la fonction RH aborde désormais des problématiques relevant de la sphère personnelle qui impactent l'entreprise. En tant que DHR, c’est notre devoir de nous interroger : comment agir face à cette situation ?
Et cette question, tous les managers se la posent. La plupart d’entre eux ne savent pas comment aborder ce type de sujet : comment réagir face à un collaborateur qui nous fait part de difficultés, face à un collaborateur en fragilité ?
Face à ces enjeux, nous avons mis en place plusieurs initiatives. Notre partenariat avec Alan, initié il y a plus d'un an, constitue un pilier essentiel de notre programme de santé mentale : la clinique dans la poche, la mise à disposition de psychologues rapidement, l'accompagnement des collaborateurs…
Nous proposons également des formations aux managers pour identifier les risques psychosociaux et accompagner les situations de fragilité.
A.F : Pouvez-vous nous parler des valeurs du groupe Celio ? MK.T : Notre mission est d'être accessibles à tous. Chez Celio, nous avons fait le choix de vivre nos valeurs plutôt que de les afficher. Nous sommes "be normal" : accessibles, ouverts à tous, passionnés par le commerce et engagés pour le bien-être de nos collaborateurs. C'est notre ADN.
A.F : Comment ces valeurs contribuent-elles au recrutement et à la fidélisation des talents ? MK.T : Notre positionnement "be normal" résonne auprès des candidats. Notre présence sur les réseaux sociaux, notamment à travers des collaborations comme celle avec Inoxtag, illustre notre ouverture d'esprit.
Cette approche s'étend également à be camaïeu, notre nouvelle marque qui incarne les mêmes valeurs d'ouverture et de bienveillance pour les femmes.
Notre authenticité est perçue et appréciée par les candidats, et contribuent aussi à la fidélisation de nos collaborateurs. A.F : Pouvez-vous partager un échec ou un regret de votre carrière de DRH ?
MK.T : Mon principal regret remonte à mes débuts en tant que RH, lors de fermetures d'usines. Je n'étais pas préparée psychologiquement à gérer l'impact émotionnel de ces situations sur les collaborateurs. Mon regret, c'est de ne pas avoir demandé d’accompagnement.
Aujourd'hui, j'accorde une attention particulière à l'accompagnement psychologique des équipes lors de situations difficiles.
Je constate que les cadres peinent encore à montrer leur vulnérabilité et à accepter du soutien. Pourtant, plus on monte dans la hiérarchie, plus il est important de montrer l'exemple en assumant ses émotions. Performance et expression des émotions ne sont pas incompatibles, bien au contraire: exprimer sa vulnérabilité n'est pas un signe de faiblesse, mais de force.