Rencontre avec Antoine LizĂ©e, data scientist et couteau suisse chez Alan, pour parler culture dâentreprise.
Pour les Ă©pisodes 7 et 8 de Good People, on sâest intĂ©ressĂ©s Ă la culture dâentreprise dâAlan - comment elle sâest construite, ce qui la dĂ©finit et comment elle est entretenue aujourdâhui.
On a commencĂ© avec Antoine LizĂ©e. Data scientist et employĂ© de la premiĂšre heure, il a toujours beaucoup contribuĂ© Ă la culture et Ă la mĂ©thode de travail dâAlan. Pour lui, elles sont les moyens dâinstaurer un cercle vertueux oĂč lâon fait du bon travail en Ă©tant Ă©panoui, qui permet ensuite dâattirer davantage de profils qui se retrouveront dans cette vision.
Si ces questions se sont posĂ©es trĂšs tĂŽt dans la vie de lâentreprise, la croissance se faisait alors de façon trĂšs naturelle. Mais 2018 a Ă©tĂ© le premier crash-test de la culture, puisque câest lâannĂ©e qui a vu passer les effectifs de 16 Ă 65 personnes, avant dâatteindre les 150 en 2019 !
Antoine distingue deux vecteurs dans cette culture : les humains et leur méthode de travail.
Pour prendre un cas concret, chez Alan, lâĂ©crit prime sur lâoral, alors que le rĂ©flexe naturel humain serait Ă lâopposĂ©. Ce principe permet entre autres de diminuer le nombre de rĂ©unions que lâon fait et on voit que mĂȘme les exceptions quâon sâautorise Ă©voluent au fil du temps. La « full team retro », un forum mensuel oĂč chacun sâexprimait Ă lâoral sur les rĂ©ussites et les Ă©checs du mois passĂ©, est devenue intenable dĂšs quâon a passĂ© la barre des 40 personnes. Or, lâintĂ©rĂȘt de cette rĂ©union Ă©tait que tout le monde puisse avoir accĂšs Ă toutes les informations. On en a donc fait un tableau Trello, pour ramener de la lisibilitĂ© et de la transparence.
Puisquâon parlait de se remettre en question en permanence, quand on voit Ă travers un exemple comme celui-ci lâimportance de la transparence, on se dit quâil y a peut-ĂȘtre quelque chose derriĂšre. Et effectivement, Ă y regarder de plus prĂšs, la transparence radicale et la responsabilitĂ© (ou ownership, en anglais dans le texte) font partie des valeurs clĂ©s dâAlan. Les challenges se succĂšdent sans forcĂ©ment se ressembler : 2020 sera lâannĂ©e oĂč nous allons proposer nos offres dans dâautres pays et cela va poser son lot de questions encore inconnues. Mais les deux principes devraient rester, alors prĂ©cisons ce quâil y a derriĂšre...
Ce sont ces deux principes qui guident jusquâaux choix de nos outils de travail. Par exemple, pour les dĂ©cisions Ă lâĂ©crit en asynchrone, on utilise les issues de Github. Ă lâorigine, il sâagit dâun outil pour dĂ©crire des bugs Ă des dĂ©veloppeurs, mais en sâinspirant dâune autre entreprise, on a choisi de tordre le cou de lâoutil et sâen servir pour tout autre chose. De lĂ , on a trouvĂ© nos propres façons de rĂ©diger les issues qui correspondent Ă nos façons de travailler : Antoine souligne Ă juste titre quâimporter un outil sans rĂ©ellement se lâapproprier ne servirait pas Ă grand chose.
On pourrait sâattendre Ă ce que la tentation de court-circuiter lâĂ©crit soit plus forte Ă 10 quâĂ 150. AprĂšs tout, quand tout le monde est dans la mĂȘme piĂšce, tapoter lâĂ©paule de son voisin pour poser une question a lâair si simple. Pourtant, câest bien Ă ce moment lĂ que lâĂ©quipe dâAlan sâest rendue compte de la nĂ©cessitĂ© de lâĂ©crit : en voyant quâon ne sâexprimait pas aussi bien Ă lâoral quâĂ lâĂ©crit, quâon rĂ©pondait souvent du tac au tac et que ça donnait une discussion moins rĂ©flĂ©chie, elle a pris lâhabitude de demander Ă son interlocuteur de coucher ses pensĂ©es Ă lâĂ©crit.
Quand on nâest quâune dizaine, la responsabilitĂ© de la culture est partagĂ©e entre assez peu de gens : tout le monde la porte donc davantage. Tandis que lorsque lâentreprise grandit et que chacun se spĂ©cialise, la question doit ĂȘtre reposĂ©e constamment, puisquâen Ă©tant assaillis par les questions quotidiennes, on ne peut plus y consacrer autant de temps et dâĂ©nergie. Alors, quelle est la suite ?
Encore une fois, il sera sans doute question de rĂ©inventer les mĂ©thodes, sans Ă©carter la possibilitĂ© quâune ou plusieurs personnes soient recrutĂ©es spĂ©cifiquement pour sâen occuper. Parce quâil y a lĂ des vraies problĂ©matiques : comment bien travailler en Ă©tant heureux ? Comment le faire au sein dâune organisation Ă gĂ©omĂ©trie variable ? Pour Antoine, cette fascination pour les systĂšmes quâil avait dĂ©jĂ enfant, en jouant aux Lego, se traduit aujourdâhui en autant de questions sur comment permettre Ă des humains, non prĂ©dictibles, de bien travailler ensemble. LĂ encore, il sâagira de sâauto-analyser et de comprendre ce qui fait que ça a marchĂ© jusquâici, pour lâadapter Ă nouveau.
Si vous voulez écouter les épisodes 7 et 8 de Good People, vous pouvez les trouver dans ce player juste ici, ou bien les récupérer sur votre plateforme de podcasts habituelle.